Qui dans la salle n’a jamais bondi de sa chaise / envoyé valser ses pinces / hurlé d’énervement (rayez les mentions inutiles) après avoir désespérément tenté de faire rentrer ce minuscule *%&#!* de fil dans cette fichue *%&#!* de perle ? Ou cette microscopique pierre dans son riquiqui serti ?
Parfois, c’est le matériel qui est inadéquat (“je te promets, cette perle n’a pas de trou !”) mais parfois, il s’agit tout simplement de nous, de nos mains. Impossible de calmer ce tremblement. Et plus on s’énerve, plus il s’amplifie, n’est ce pas ?
J’ai le souvenir de ces 10 petites bagues que je devais sertir avant d’envoyer mon paquet chez le doreur. Dernier jour, dernier délai, pas le choix. 10 petits onyx de 3mm en serti tube, une matinée à mon atelier pour le faire. C’était faisable.
J’ai préparé 10 petits sertis tubes. J’ai foiré 10 petits sertis tubes. J’ai regardé l’heure, j’ai hyper-ventilé. J’ai recommencé 10 petits sertis tubes. J’ai tout fait tomber (j’ai grogné). J’ai re-foiré mes 10 petits sertis. J’ai regardé l’heure, j’ai grogné hurlé. J’ai ensuite tenté de les faire en sertis clos classique. Pas moyen, ça voulait pas. J’ai tout balancé.
Une amie est passée à l’atelier, on a parlé d’autre chose. On a rigolé et mangé ensemble. Il me restait alors 2h avant la levée de la Poste.
Je me suis remise à mon établi, et j’ai fait 10 petits sertis les doigts dans le nez. (ne me prenez pas au mot, je vous en prie)
Magie, me direz-vous ? Et bien non, j’avais tout simplement la concentration et la stabilité nécessaire. Plus facile à dire qu’à faire, je sais.
Je vous partage donc mes 10 astuces pour garder des mains stables lorsque vous faites un travail minutieux.
1 / Allumez la lumière.
Cela peut paraître bête mais en fait, si vous n’arrivez pas à voir ce que vous faites, et bien… vous n’arriverez pas à voir ce que vous faites. Ouaip.
2 / Entraînez-vous.
Oui, oui, je vous assure, plus on fait un geste, plus on est bon à ça. Il fut un temps où il me semblait impossible de poser un micro-paillon de brasure sur mon ouvrage sans le faire tomber. Aujourd’hui cela fait partie de mon quotidien. C’est donc possible 🙂
3 / Evitez les excitants.
Café, coca, alcool et TPMP sont à proscrire. Oui, je sais, certains sont plus faciles à éviter que d’autres.
4 / Méditez.
Ne me prenez pas pour une allumée, je vous en prie. La méditation a réellement changé ma façon de travailler. Je suis bien plus “focus”, attentive, rigoureuse et organisée depuis que je pratique 15 minutes tous les matins avant d’entrer dans mon atelier. Personnellement j’utilise Headspace car j’aime la voix d’Andy (en Anglais), mais on m’a aussi beaucoup parlé de son pendant francophone, Petit Bambou.
A défaut de réellement passer ces quelques minutes à méditer, au moins détendez-vous, respirez, et relaxez vos membres avant d’entreprendre votre travail.
5 / Fuyez la colère.
Vous allez me prendre pour une vraie bouddhiste mais ce conseil est vraiment une pierre angulaire pour travailler paisiblement et sans tremblements. Comme beaucoup de choses dans la vie, cela se passe souvent dans la tête même si les symptômes sont physiques. Avoir un esprit calme, c’est s’assurer des gestes calmes. Dans mon exemple plus haut, c’était bien mon cas. L’énervement me faisait trembler. Et c’est le mental qui a tout changé, une fois apaisée et mon esprit dirigé sur tout autre chose, mes mains se sont calmées et mes gestes étaient plus précis. Donc inutile de commencer à enfiler des perles après une dispute avec votre moitié, par exemple…
6 / Ralentissez.
Ce conseil me vient de ma prof de piano. J’en ai fait il y a trèèèès longtemps de cela, et ce conseil m’avait marqué et m’est toujours resté. A tel point qu’aujourd’hui je le répète en boucle à mon fils : “il ne faut pas confondre vitesse et précipitation”. C’est un vrai conseil en or, tant il est difficile dans nos vies modernes de faire cette distinction. Parfois, savoir ralentir, c’est s’assurer de pouvoir arriver plus vite. (Cela me rappelle vaguement une histoire de tortue et de lapin…)
7 / Adaptez votre plan de travail.
On en vient aux conseils plus “pratiques” : trouvez-vous des supports et des “aides”. Adaptez la hauteur de votre chaise de façon à pouvoir poser vos coudes sans vous pencher. Choisissez un plan de travail qui ne bouge pas. Si possible, posez vos poignets sur votre surface de travail, cela aide à ne pas trembler. Utilisez des outils adaptés à votre ouvrage : aidez-vous d’une troisième main pour vous aider à souder, faites des trous dans vos blocs de charbon pour caler vos ouvrages, ou aidez-vous de fil de fer ou de trombones. Utilisez du ciment de sertisseur ou à défaut de la patafix pour attraper les petites pierres ou perles qui ne cessent de vous échapper…
Et si on se donnait tous nos petits “trucs et astuces” pour se faciliter le travail quotidien à la cheville ? Rendez-vous dans les commentaires !
8 / Utilisez des outils.
Même si nos mains sont ce qu’il y a de plus précis, il se peut qu’elles soient disproportionnées lorsqu’il s’agit de toute petites pièces. Il peut donc être efficace d’utiliser des piques à souder, un étau à main pour maintenir une bague, pourquoi pas des cure-dents ou un tout petit pinceau placer vos paillons… soyez inventifs !
9 / Mais évitez les pinces…
Autant que possible, évitez d’utiliser des petites pinces pour attraper ou maintenir une perle ou une pierre. Vous remarquerez que lorsqu’on est concentrés, on a tendance à appuyer un peu trop fort sur la pince pour bien maintenir ce que l’on tient et… cela provoque bien souvent l’effet inverse ! Oups, ça glisse, ça saute, ça s’envole et nos nerfs eux aussi foutent le camp 😉
J’aurais tendance à dire que ces 10 conseils pour garder des mains stables lorsque l’on fait un travail minutieux, sont classés du plus importants au moins importants. Il m’apparaît évident que la stabilité vient en grande partie de l’état d’esprit dans lequel on est. En tout cas personnellement, cela joue beaucoup chez moi.
Si vous avez des astuces aussi, des petites choses hors du commun pour vous aider dans votre quotidien, je serai bien curieuse de les connaître ! Et pourquoi pas de les partager à notre “communauté” pour que tout le monde puisse en profiter. Alors n’hésitez pas à m’en faire part en commentaire de cet article, ou encore sur la page Facebook ou Instagram du blog, ou encore par email à hello[at]apprendre-la-bijouterie.com !
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Suzy MARTIN says
Alors je ne suis pas dans la création de bijoux (mais j’espère bientôt) mais dans la création de poupées miniatures (c’est délicat aussi) et ce qui m’aide aussi, c’est la respiration. Je me suis rendue compte que lors d’étapes très délicates, je retiens légèrement mon souffle , j’ancre solidement mes avant bras -si je le peux- et seuls mes poignets et mains sont mobiles. Du coup mon travail se cale sur ma respiration : inspiration profonde : c’est la préparation mentale du geste, puis le souffle est retenu un peu pour la réalisation délicate, tout en douceur, et quand c’est fait, on relâche le souffle profondément.
Ca me permet de rester relâchée et efficace.
Mel says
Relaxation, méditation, création… comme quoi tout est lié ! Merci pour ton témoignage !
Caroline says
Plein de bons conseils ! Pour ma part, j’utilise de la cire d’abeille au bout d’un cure-dent pour attraper mes petites pierres 😉
Mel says
Oh oui, pas bête du tout, je note ! Merci !
audrey says
Merci pour tes précieux conseils !! Je vais devoir me zenifier un peu je pense…
Je rajouterais “faites contrôler votre vue et utilisez des lunettes adéquates” (oui, c’est la vieillerie qui parle 🙂 ). Consciente de mes soucis de “mains qui fuient”, mon ophtalmo m’a prescrit lors de ma dernière visite une seconde paire de lunettes, à verres grossissantes… Je ne les porte qu”à l’établi mais depuis, j’ai gagné en précision et les petites pièces qui m’échappaient sans cesse ne me glissent plus des doigts !
Mel says
Mais bon sang, pourquoi n’y ai-je pas pensé, moi qui me suis vue prescrire des lunettes il n’y pas si longtemps. Merci pour le partage !
Catherine Marche says
MDR ! C’est toujours au dernier moment quand je desire fignoler un resultat deja parfait pour le rendre sublimissime que les petits “foirages” arrivent…. juste avant un RDV avec le client ou une deadline importante! Ca me rassure de voir que je ne suis pas la seule. Mes remedes ? Musique et chocolat .