Lorsque je dis que je me suis formée “en autodidacte” au métier de bijoutier, je vois quelques sourcils qui se lèvent, chez les bijoutiers déjà diplômés, comme chez ceux qui aimeraient le devenir.
Il y a des métiers, comme celui-ci, qui paraissent incompatibles avec la formation en autodidacte.
Par exemple, si je dis que je me suis formée en autodidacte à la réalisation de vidéos pour Youtube, cela provoque beaucoup moins d’émois.
Or, je le répète : le métier de bijoutier ne nécessite pas d’obtention de diplôme pour être exercé.
Le sujet de cette vidéo m’a été inspiré par une conversation que j’ai eue avec la mère d’une apprentie bijoutière. Sa fille est très attirée par la bijouterie. Elle est certaine que c’est ce qu’elle veut faire. En revanche, elle a développé une phobie scolaire, qui fait qu’elle refuse de s’engager dans un apprentissage de ce métier en école. Sa maman m’a alors confié ses craintes quant au fait de voir sa fille se former “en autodidacte”, et surtout sans diplôme.
Cet article s’adresse donc à elle, mais aussi à tous les autres profils – et ils sont nombreux – qui se demandent si l’auto-formation est vraiment valable pour apprendre la bijouterie.
C’est quoi, être autodidacte ?
Etre autodidacte ne veut pas dire que l’on créé le savoir de toute pièce ou qu’on le sort de son chapeau. On ne va pas réinventer la roue !
Etre autodidacte, c’est se former de manière non conventionnelle.
Globalement, est autodidacte toute personne n’ayant pas passé de diplôme de bijouterie sur les bancs d’un école.
Une personne ayant appris auprès d’un bijoutier en exercice, est un autodidacte.
Une personne ayant été aux cours du soir d’une école, est autodidacte.
Une personne ayant appris dans les livres, ou via des vidéos Youtube, est autodidacte. Une personne ayant suivi une formation en ligne est autodidacte.
Et bien souvent, les autodidactes ont appris le métier en mélangeant plusieurs de ces sources d’apprentissage. Et c’est là une vraie force de ce mode d’apprentissage.
Pourquoi se former en autodidacte à la bijouterie ?
Il ya plusieurs raisons qui poussent les gens à vouloir se former en autodidacte.
- lorsque l’on ne peut pas ou ne veut pas retourner sur les bancs de l’école. Parce que l’on a un travail salarié, une famille à gérer, que l’on habite loin de tout centre de formation etc…
- Pour des raisons financières. Au delà du prix de ces écoles – prix variables, mais généralement conséquent – pour une formation au CAP ou DNMADE, il faut compter sur 2 voire 3 ans d’apprentissage, et donc sans rentrée d’argent.
- Parfois ce mode d’apprentissage ne nous correspond tout simplement pas. Que ce soit parce qu’on a passé l’âge, ou parce que rester assis sur une chaise pendant des heures, respecter des horaires et des règlements, devoir accepter la discipline, ou encore se lever le matin, c’est pas votre truc. On peut avoir une aversion pour ce type de contraintes.
- Enfin, repartir sur les bancs d’une école est très “engageant”, ce qui peut être un bon point, pour se mettre au travail, mais qui peut aussi mettre une pression qui ne sera pas du tout présente en autodidacte, où l’on est seul maître de sa progression et de son temps.
Aujourd’hui l’auto-formation se démocratise de plus en plus. Le nombre de plateformes de formations explosent et sur tous les sujets. De la séduction à la finance, en passant par la poterie, le tennis ou encore le marketing. Les divers confinements durant le Covid ont largement contribué à cela.
Et je suis d’accord : il faut quand même trier le bon du mauvais. Mais avec un peu de recul, on voit vite ce qui perdure, et ce qui est décrié.
Les objections à la formation en autodidacte.
Je comprends tout à fait les peurs et les doutes que l’on peut avoir lorsque l’on se pose la question de se former en autodidacte à ce métier artisanal.
Voici quelques idées répandues, et ce que j’en pense :
- “On va se sentir seul” : c’est vrai. On EST seul pour apprendre. En autodidacte, pas de camarades de classe. D’où l’importance de bien s’entourer ! Idéalement, on peut s’investir dans des ateliers partagés, des boutiques partagées etc… La synergie c’est important ! Il existe également des groupes Facebook, ou communautés d’élèves, des forums. Alors oui on a pas de camarades de classe de facto, mais on a la chance de les choisir 🙂
- “En autodidacte, c’est plus long d’acquérir le savoir-faire” : c’est archi-faux ! Lorsque l’on est en apprentissage autonome, on acquiert le savoir faire que l’on veut, aussi “profondément” et “intensément que l’on veut, et selon le nombre d’heures que l’on souhaite y consacrer.
Ce qui en revanche sera long à acquérir, c’est la perfection. Cela ne dépendra pas du nombre d’heures passées en cours, ou devant une formation vidéo, mais bien du temps consacré à expérimenter ces techniques. Tester, rater, recommencer, s’améliorer. Et cela que vous sortiez d’une école, ou que vous le fassiez de chez vous : cela prendra du temps, et ne dépendra que de vous.
- “Le savoir est disséminé, alors qu’à l’école on a le savoir à disposition” : c’est vrai, mais il existe maintenant des formations en ligne très claires, qui ont l’avantage, au dela de dispenser un savoir-faire, de “condenser” ce savoir. Je prêche un peu pour ma paroisse (et je l’assume totalement), mais de nos jours la plupart des formations sur le sujet sont construites de cette façon. Un maximum de tout ce que l’on a appris nous-même a été testé, éprouvé, trié, dépoussiéré et décortiqué, et vous est ensuite restitué selon un ordre logique pour optimiser l’apprentissage.
- “On manque de légitimité” : ce fichu syndrôme de l’imposteur. Malheureusement, un diplôme ne vous enlèvera pas forcément ce sentiment d’imposture. Mais c’est justement une posture qui se travaille. Si ça peut vous rassurer, en 12 ans d’exercice, personne ne m’a jamais demandé mon diplôme. Et je ne connais personne à qui c’est arrivé. Peut être que ce sentiment d’imposture vient de nos pairs, mais ils n’acheteront pas nos bijoux. La légitimité est à distinguer du diplôme, ce qui m’amène au point suivant :
- “Quand on est autodidacte, on est forcément moins bon” : cette affirmation est tellement fausse… Cela dépend totalement de sa motivation, de sa passion pour ce métier. En témoignent les créations de certains autodidactes qui peuvent faire pâlir celles de collègues diplômés.
Comment se former à la bijouterie en autodidacte ?
La difficulté est souvent de savoir par où commencer. Or, il y a justement une section ici , juste en haut à gauche qui s’appelle “par où commencer ?” 🙂 Beaucoup de personnes passent à côté.
J’ai aussi consacré un article, c’était durant le confinement, sur “mes ressources” pour se former à la bijouterie
Enfin, si vous ne le saviez pas, et bien sachez que je propose également des formations pour débutants et intermédiaires, en ligne, accessibles 24h / 24
Je n’oublie pas non plus ceux qui veulent se former en école ou centres de formation, et j’ai créé un annuaire également
Pour se former à la bijouterie en autodidacte il faut cependant avoir 2 qualités essentielle : la curiosité (ou débrouillardise) et la persévérance (ou la motivation). C’est le principal ingrédient du succès !
Cil says
Encore et toujours un très bon article, avec plein de ressources. Merci !
Mel says
Merci beaucoup 🙂
valentine says
Bonjour !
Je me retrouve actuellement devant le dilemme de choisir entre la formation en autodidacte ou sur les bancs d’une école. Je suis tombée sur votre article, et je voulais vous poser une question.
J’aimerais en effet devenir bijoutière, mais je ne vise pas l’ouverture d’une boutique ou marque à mon nom. Je serais plutôt intéressée pour rejoindre un atelier de joaillerie, et je voulais savoir si dans cet objectif là il serait préférable d’avoir un diplôme.
merci d’avance pour votre réponse,
Valentine
Mel says
Bonjour Valentine,
Je pense effectivement que pour trouver une place en atelier de joaillerie, mieux vaut pouvoir justifier d’un diplôme. Non pas que ce soit impossible en autodidacte mais les employeurs cherchent souvent à s’assurer de votre bonne formation, et un diplôme peut les rassurer.
Bonne aventure à vous !