A l’instar de son confrère doré le Gold Filled, il semblerait que l’acier inoxydable ait le vent en poupe ces dernières années dans la création de bijoux.
Et pour cause ! Peu coûteux, résistant à l’oxydation et aux changements de couleurs, non allergène, on aimerait bien l’adopter comme alternative à l’argent massif.
Mais si ce métal est si peu utilisé en bijouterie, alors qu’il est connu depuis des millénaires – et utilisé dans de nombreuses autres applications, c’est bien qu’il a quelques inconvénients notables.
Différence entre acier inoxydable et acier chirurgical
Tout d’abord un petit point language s’impose pour éviter la confusion 🙂
L’acier inoxydable (que l’on connait plus communément sous son diminutif “inox”) est un type d’acier fabriqué en ajoutant du chrome à un alliage métallique contenant notamment du fer. Le chrome a pour but d’empêcher le fer de s’oxyder et de rouiller.
L’acier chirurgical, quant à lui, est un type d’acier inoxydable utilisé dans des applications biomédicales.
La principale différence entre l’acier chirurgical et l’acier inoxydable est que l’acier chirurgical n’a que des applications médicales tandis que l’acier inoxydable a de nombreuses applications différentes. On en trouve notammen dans nos cuisines, pour nos éviers ou nos couverts par exemple.
Il est donc probable que pour la fabrication de bijoux, vous ne puissiez vous fournir qu’en acier inoxydable (exception faite des piercings qui entrent dans la peau, plus spécifiquement réalisés en acier chirurgical).
Les atouts de l’acier inoxydable
Pourquoi tant de nouveaux bijoutiers souhaiteraient se lancer dans la fabrication de bijoux en acier inoxydable ?
Et bien il faut dire que ce métal a deux avantages non négligeables :
Une robe argentée
Tout d’abord sa couleur grise qui flirte avec celle de l’argent, sans en avoir le coût. Lorsque l’on fabrique des bijoux accessibles, pour une clientèle aux goûts fluctuants et face aux mastodontes du bijou à prix cassés, on serait parfois ravis de trouver une alternative à prix doux pour réaliser nos bijoux.
L’or, lui, a son accolyte laiton comme option “fantaisie. Mais l’argent, manque cruellement de “dupes”.
Si, fut un temps, il était possible de vendre des bijoux en maillechort, ce métal est aujourd’hui interdit à la revente, du moins en Europe en raison de sa teneur en nickel (un allergène reconnu depuis quelques années)
Une tenue à toute épreuve
Un autre gros point fort est sa propriété inoxydable (qui résiste donc à la chaleur, l’acidité de la peau, la corrosion, l’air, la mer etc..). Fini les traces noires sur la peau, les allergies, les tâches marrons (et les clients mécontents).
Enfin, avec ses applications de la vie courante, se fournir en acier inoxydable est à portée de main. Il n’y a qu’à ouvrir le tiroir de la cuisine pour s’entrainer sur un couteau à la lame émoussée
Alors, séduisant, l’acier. N’est-ce pas ? Pourtant…
Le(s) problème(s) avec la fabrication de bijoux en acier
Un métal très dur à travailler
Le principal inconvénient, lorsque l’on souhaite se frotter à la fabrication de bijoux en acier, c’est que ce dernier est extrêmement difficile à travailler : peu malléable, très dur à la découpe, extrêmement rigide. Au bocfil, découper un simple médaillon peut durer des heures (et user de nombreuses lames…)
D’autant plus que les outils de bijouterie sont eux-mêmes souvent en acier, et risquent donc de s’abîmer ou plier avant votre ouvrage. Il est probable que votre marteau à texturer rende l’âme avant même de finir votre motif sur une plaque en acier…
Si vous vous demandiez d’où vient l’expression “avoir un mental d’acier”, maintenant, vous savez 😉
Un métal difficile à braser
Un autre inconvénient majeur est l’impossibilité de le braser au chalumeau, comme pour tous les autres métaux en bijouterie conventionnelle. Souder de l’acier inox nécessite un équipement très particulier : certains types de chalumeaux oxy-acétylène, soudure laser, TIG, PUK etc… Pour le nettoyer également, l’acide ne sera pas le même que pour les métaux “non ferreux” (ceux utilisés habituellement en bijouterie).
Idem pour le recuit, inutile voire délétère. En chauffant au chalumeau, l’inox va “rougir” et ses propriétés vont se voir totalement altérées.
Une dorure aléatoire
Enfin, la dorure ou le plaquage sont compliqués à réaliser. La plupart des doreurs n’acceptent pas les éléments en acier car d’une part cela détériore leurs bains, et d’autre part, quand bien même la dorure se poserait sur le métal, celle-ci finira par s’emousser très rapidement. Il n’est pas impossible cependant de le faire dorer, mais cela nécessite un bain particulier, que tous les doreurs ne proposent pas.
Vous trouverez parfois des apprêts ou bijoux en acier coloré. C’est bien souvent que la coloration a été réalisée au moment de l’usinage, teinté dans la masse au moment de la fabrication de la pièce en métal.
Un métal qui ne rime pas avec “artisanal”
Ainsi, la plupart des apprêts et chaînes en acier que l’on peut trouver sur le marché sont usinés et non pas réalisés artisanalement
Voilà pourquoi il est difficile de se fournir : l’usinage ainsi que les propriétés si particulières de l’acier font qu’ils n’est pas facile de trouver tous les apprêts, chaînes, estampes ou diamètres de tiges, nécessaires à la réalisation d’ouvrages variés. Et cela d’autant plus si on les choisit déjà colorés. L’offre est limitée, du moins pour le moment.
Un métal si dur qu’il en devient dangereux…
Enfin, un dernier point est qu’il peut être dangereux de l’employer en bijouterie du fait de sa solidité. Il n’est pas rare de devoir couper une bague devenue trop serrée sur un doigt par exemple. De même, il vaut toujours mieux qu’un collier cède lorsqu’il est arraché, pour éviter des blessures…
En conclusion
Comme pour tous les métaux, l’acier a des avantages et des inconvénients et ne saurait pleinement satisfaire toutes les requêtes d’un bijoutier. Il a ses applications de prédilection, et l’on peut, par dérivation, tenter de l’intégrer en bijouterie, en prenant en compte ses limites d’usage.
Ainsi il semblerait que l’assemblage simple reste à privilégier, tant le travailler semble compliqué.
Une autre option, pour contourner la brasure, est d’utiliser la méthode du rivetage pour assembler plusieurs parties.
Enfin, comme toujours, le mieux reste de tester, se faire une idée, adapter, et en tirer les conclusions nécessaires selon ses souhaits créatifs 🙂
Et vous, avez-vous déjà tenté de fabriquer des bijoux en acier ?
Bonjour,
Merci Mélanie pour cet article.
J’ai essayé travailler l’inox, mais couper au bocfil j’avançais 1 mm par 5 min… donc j’ai vite abandonné l’idée. Par contre , j’ai des bijoux en acier doré et c’est vrai que ça tient bien (piscine, mer etc…), très pratique, dommage qu’on ne trouve pas un moyen de pouvoir fabriquer artisanal ce métal. Et en plus , je n’ai pas trouvé des plaque/feuille d’acier doré, j’en déduit qu’il n’existe pas.
Ne m’en parle pas, la 1ere fois que j’ai travaillé l’acier, j’ai mis 3h pour découper un rectable pour faire un porte-clé à un ami… ouch ! 😀
J’ai voulu mais en effet le parcours du combattant tant fait que je vais rester sur l’argent que je trouve beaucoup plus classe que l’acier de toute façon 😀
Oui, c’est vraiment compliqué, l’acier. Et en effet, l’argent à également une valeur plus précieuse 🙂 Ce ne sont pas les même bijoux, disons.
Mon mari est très bon soudeur, on a essayer de sertir des pierres avec de l’inox, mais nous ne sommes pas parvenus à un résultat propre et fin, on a laisser tomber, trop difficile à travailler.
Oui en effet, ce n’est pas impossible. Mais c’est si difficile (avec un résultat… bof bof) que c’est décourageant !
Bonjour Mélanie, tes publications sont toujours passionnantes. Tu poses la question : “et vous, avez vous déjà travaillé l’acier”. Je réponds oui mais dans une méthode de bijouterie toute autre, la pâte de métal, et même là il ne faut pas se rater, une fois cuite, la dureté est remarquable. Bonne journée à toi.
Ah oui ? je ne savais pas que l’on pouvait trouver l’acier en pâte de métal ?!? C’est interessant ça. Mais c’est de l’acier inox ? Merci pour ton témoignage en tout cas !
Moi aussi je travaille la pâte d’acier, personnellement j’adore justement tout ce process qui consiste en mouler, cuir et poncer. Ça veut dire qu’après le moulage on ne pourra pas modifier le bijoux à part éventuellement agrandir un trou ou limer un peu. La pâte s’achète en poudre et doit être mélangée à de l’eau ce qui permet de ne préparer que ce dont on a besoin. Ensuite le temps de cuisson varie selon la taille et la finesse de la pièce. Puis c’est comme tout il faut s’entraîner, faire 2 ou 3 mégas bourdes et trouver son style… En tout cas mes clients sont contents et moi aussi donc c’est cool.
Très intéressant ! Tu cuis cette pâte d’acier dans un four de cuisine traditionnel ? Ou un autre type de four ?
Du coup, j’imagine que ce n’est pas de l’acier inoxydable mais de l’acier “classique” ?
Vous pouvez m’expliquer ce qu’est la pâte de métal s’il vous plaît ?
Est-ce une technique qui facilite le travail de l’inox ? Je suis novice en bijouterie et j’ai vraiment envie de travailler l’acier inoxydable.
Bonsoir.
Merci pour cet article Mélanie. Toujours aussi pertinent et intéressant!
Merci Mélaine 🙂
Bonjour, alors si c’est si difficile, comment faire pour travailler l’inox??? je ne comprends pas tout…veuillez m’en excuser…merci d’avance.Patrizia
Et bien, soit tu investis dans l’outillage spécifique, et donne beaucoup d’énergie à y arriver, soit il faut choisir un autre métal que l’acier.
Ici j’ai essayé d’utiiser du fil d’acier inoxydable quand je faisais encore du wire wrapping. J’ai bousillé 2 pinces coupantes de précision avant de renoncer ^^.
Et j’ai fait la bétise ensuite d’acheter des clous pour boucle d’oreilles en inox, bah oui, ça coûtait tellement moins cher que ceux en argent.
J’ai failli devenir folle en arrivant absolument pas à les braser sur du laiton, puis j’ai fini par comprendre mon erreur !
Décidément, nous sommes nombreuses à nous être cassé les dents sur l’acier !
Du coup, pour les clous pour boucles d’oreilles que proposez vous comme matière à utiliser ?
Bonjour et merci pour votre retour.
Personnellement j’ai une préférence pour les tiges en argent (qui seront ensuite plaquées or avec mon bijou)
J’ai tenté aussi la découpe au bocfil… Long et coûteux en lames (non qu’elles cassent, mais les dents s’usent a une rapidité surprenante !). J’ai tenté également le martelage : mon dos a plus souffert que le métal, sans compter les essais de perçage avec les forêts qui s’usent ou cassent. Bref, je me suis dit que c’était une fausse bonne idée et pour l’instant je fais une pause.
ah ah, et bien voilà mon article parfaitement imagé 🙂
Très intéressant ton article, moi qui préfère les métaux précieux comme l’argent et l’or, avec toutes ces complications pour travailler avec l’acier inoxydable, ça me donne une autre raison pour ne pas l’ essayer. déjà que je trouve que braser le laitoon c’est un peu difficile alors j’imagine que l’inox c’est pire.
En effet, je ne le conseille pas forcément, à moins d’avoir le matériel et les connaissances nécessaires aux spécificités de ce métal !
Bonjour,
Vous trouverez tout ce qu’il vous faut chez les fournisseurs des prothésistes dentaires : des mini-pierres à meuler sur tige, souvent au diamant, du caoutchouc abrasif à polir, du fil d’acier dentaire de différents diamètres et même demi-jonc et certains qui durcissent au polissage, de la baguette à souder (de couleur jaune claire) avec le flux “dans” la baguette qui fond vers 300° et donc qui n’écrouit pas l’acier inox. Je vous offre une alternative pour souder (presque n’importe quoi qui ne subit pas de risque d’arrachage) sur de l’inox à condition que la soudure soit cachée : du fil d’étain “à l’argent” des plombiers, et comme flux accrocheur du chlorure de zinc (acide chloridrique + quelques miettes de zinc ***à préparer en plein air*** (+++gaz) )
Concernant votre moteur suspendu : En voyant le flexible pendre plus bas que votre plan de travail, j’imagine que pour graver un objet “sur” la table, votre flexible fait 2 courbes (un S), et donc que votre poignet est sollicitée pour maintenir la 2ième courbure vers la gauche. Je vous propose de pendre le moteur plus bas et plus loin, et d’installer une 2ième équerre pour y pendre le flexible à mi-longueur (en rallongeant éventuellmt le bras de l’équerre pour que la suspension vous arrive pile au-dessus de votre surface de travail) , et d’ y accrocher le flexble avec, soit un ressort très très souple, soit de l’élastique de mercerie. Ce sera à vous d’évaluer la “force” de l’élastique afin que votre traction sur la pièce à main soit la plus faible possible.
(équivalence avec : https://www.manutan.fr/fr/maf/equilibreur-de-charge-400g-a-14-kg-zeca)
Cordialement
Bonsoir Roberto. Serait-il possible que nous entrions en contact vous et moi s’il vous plaît ?
Vous avez l’air de bien vous y connaître en matière d’inox et ça m’intéresse . Je travaille cet acier .
bonjour
je trouve intéressant malgré tout de garder une collection acier, certes uniquement faite d’assemblage mais qui plait beaucoup du fait de sa résistance. Le seul hic c’est de trouver les fournisseurs je retombe toujours sur les mêmes avec une qualité pas toujours au top. Avez-vous des recommandations?
Bonjour
Je souhaite créer ma marque de bijoux en acier
Et j’aimerais un conseil pour trouver un bon fournisseur en matière première ( chaîne en acier au mètre , fermoirs etc)
Pouvez vous s’il vous plaît nous partager quelques conseil pour trouver un bon fournisseur
Bonjour,
Je réponds à cette question ici : https://www.apprendre-la-bijouterie.com/questions-frequentes/
Bonjour Mélanie
Merci bcp pour cet article
Je voudrais soudre des tout petit anneaux de 6mm en acier inoxydable entre eux
Pense tu que avec la soudure à point cela suffit
Oui je dois acheter un poste laser ?
Merci de ta réponse
Bonjour Béatrice. Qu’appelles-tu la soudure à point ? La brasure au chalumeau n’est pas forcément recommandée. Mieux vaut une soudure laser, TIG ou PUK.
Merci pour ce bel article, je comprends beaucoup de choses grâce à ce que vous avez expliqué. Je suis novice également mais j’ai remarqué qu’il était difficile de trouver des outils pour bijoux en acier inoxydable. J’utilise souvent la méthode dont vous avez parlé, c’est à dire l’assemblage.