Lorsque l’on veut se lancer en bijouterie, comme dans bien des domaines, le plus difficile est de savoir par où commencer. Quelle technique apprendre en premier ? Quel matériau utiliser ? Quels outils acheter ?
Toutes ces questions trouveront leur réponse petit à petit, ou bien vous pouvez directement vous former à ce sujet. Il faut bien commencer par quelque chose, oser un premier pas. Et bien c’est ce que je vous propose aujourd’hui.
Pour ma part je ne fais pas de fonte, tous mes bijoux prennent forme à partir d’un plané ou d’un fil de métal déjà usiné. (Je vous renvoie vers cet article pour choisir quel métal choisir pour vos créations).Le premier geste technique à maîtriser est donc la découpe.
Voyons ensemble les différentes méthodes pour découper le métal :
DECOUPE A LA CISAILLE
Il existe plusieurs types de cisailles, droites ou courbées, avec des mâchoires plus ou moins grande. Elle ressemble a des ciseaux, ce qui rend cet outil maniable et facile à manipuler.
A priori, en bijouterie nous recherchons la précision. Avec la cisaille, être précis n’est pas toujours possible, selon l’épaisseur du métal et le tracé à effectuer. Aussi il est préférable d’utiliser cette méthode sur des métaux assez fins : 0,6mm d’épaisseur de plaque maximum par exemple pour de l’argent 925. Au delà, la découpe peut s’avérer plus fastidieuse et le tracé moins propre.
La découpe à la cisaille a l’avantage d’être rapide et pratique. En revanche, elle déforme légèrement le bord de la plaque, mais ceci sera facilement récupérable à la lime.
Au final, mieux vaut utiliser la cisaille pour des découpes droites ou en cercle.
DECOUPE AU BOCFIL
Le bocfil – ou porte-scie- a l’avantage d’être beaucoup plus précis et permet de multiples usages, parfois extrêmement fins, contrairement à la cisaille qui se limite a des découpes droites. Un article complet a été dédié à cet outil multi-usage que j’affectionne particulièrement.
Ce geste essentiel au métier, semble bien simple d’apparence. Vous pourrez cependant vous trouver décontenancé devant cette tâche une fois à l’œuvre… Ce geste élémentaire demande habileté, minutie, patience et persévérance pour l’apprécier à sa juste valeur et en faire un atout dans vos créations.
Préparer son matériel
Pour (re)connaître les outils nécessaires à la découpe, je vous renvoie vers cet article.
– Préparer son dessin, qu’il soit sur un papier collé sur le plané, ou qu’il soit dessiné à la pointe à tracer directement sur l’ouvrage (éviter les dessins au stylo, trop peu précis). J’ai consacré un module de formation (gratuit) à ce sujet.
– Sélectionner la scie adaptée : idéalement, il doit y avoir en permanence 2 “dents” en contact avec le métal.
– Insérer la scie dans le cadre, les dents vers le bas et vers l’extérieur du cadre, bien tendue. Pour donner la pression nécessaire, utilisez votre épaule ou votre plexus (cf image ci-dessus). On doit entendre un “ping” aiguë comme une corde de guitare lorsqu’on la gratte.
– Lubrifier la scie avec de la cire d’abeille ou tout autre lubrifiant adapté pour éviter la chauffe et l’encrassement.
La position
Poser son plané bien à plat sur la cheville à repercer.
Le maintenir fermement avec la main qui ne tient pas le bocfil, comme une pince. Il y a plusieurs façons de maintenir une pièce. Personnellement, je suis adepte du “V” comme vous le voyez en photo ( les doigts toujours derrière la scie, pas devant !)
En position assise, le dos bien droits, les 2 pieds au sol, la cheville à hauteur de poitrine. Maintenez le bocfil perpendiculaire à votre plané, à plein poignet (pas de pouce derrière pour appuyer).
Le mouvement
- Faites glisser la scie de haut en bas, dans un mouvement souple et aérien. Utilisez toute la longueur de la scie pour les lignes droites (cela aide à être bien rectiligne) et faites de plus petits mouvements pour les parties courbes ou les angles.
- Gardez votre bocfil bien perpendiculaire à votre ouvrage, pour éviter de “planter” les dents dans le métal.
- Maintenez votre ouvrage très fermement (au début, c’est cette main là qui vous fera souffrir !). Un ouvrage qui bouge = scie qui casse
- Ne jamais forcer, toujours “caresser” le métal avec la scie. C’est elle qui fera le travail. Trop de pression = scie qui casse
- Lorsque vous devez tourner, faites pivoter lentement votre ouvrage, pas la scie. Tourner le bocfil dans son ouvrage = scie qui casse
- Enfin, lorsque vous êtes “bloqué” : pas de panique, on arrête son mouvement, on remonte le bocfil comme si on lui levait le menton, et on pousse vers le haut. Forcer vers le bas, ou faire tourner le porte-scie sur son axe = scie qui casse !
La découpe au bocfil est très utile pour faire du repercé : dans ce cas il faut au préalable percer un trou à l’intérieur de chaque partie à évider, puis y enfile la lame de scie avant de refermer son cadre de scie. Attention en manipulant trop vivement le bocfil avec la pièce enfilée dessus… c’est une fois encore dans ce moment là que l’on peut casser sa lame bêtement !
Vous l’aurez compris, il est d’usage de casser énormément beaucoup de scies lorsqu’on débute à la découpe. Pas d’inquiétude, cela est tout à fait courant ! Faites en un challenge, et essayer de vous appliquer au maximum. Pour ma part j’en casse toujours, évidemment ! La preuve en images :
Comme pour beaucoup de gestes, l’entraînement est la clé du succès. Voici donc pour finir une façon de s’exercer pour progresser rapidement :
Sauvegardez cette image, puis imprimez là. Collez là sur un plané d’entraînement et découpez chacune de ces lignes. Répétez cet exercice jusqu’à ce que vous jugiez votre découpe suffisamment correcte pour continuer sur vos propres créations.
AUTRES METHODES DE DÉCOUPE
Il existe d’autres méthodes bien plus précises : le laser, la découpe chimique, ou le forêt numérique. Ces solutions, bien qu’excellentes en matière de précision, sont souvent hors de portée de l’artisan qui débute. Plus coûteuses, elles nécessitent de fait un outillage très particulier, ou de faire faire de grandes quantités chez un spécialiste.
Si vous souhaitez approfondir cette technique de base essentielle qu’est la découpe au bocfil, sachez que le module 2 de ma formation aux techniques de base de la bijouterie y est consacré. Découper vous-même vos propres bijoux deviendra un jeu d’enfant !
Je serais très curieuse de voir vos découpes, qu’elles soient le fruit d’un travail élaboré, ou même vos toutes premières créations. Un conseil : gardez-les, vous serez content de voir votre progression lorsque vous retomberez dessus.
Vous voulez voir mon premier travail de repercé à l’école ? Le voici (si vous le trouvez “plutôt bien fait”, notez bien que cela m’a pris 6h à l’époque…) :
Et vous, plutôt à l’aise avec le geste ?
Pauline says
Merci beaucoup pour tous ces précieux conseils!
Je me lance dans le bocfil et tous ses mystères alors cet article tombe à pic!
Petite question par contre quand tu dit de coller le dessin sur le plané, cela veut dire que tu l’imprime sur du papier autocollant? Comme une étiquette? Ou alors scotché?
Merci
Pauline,
une autodidacte addicte!!
Mel says
Bonjour Pauline,
En général j’imprime (ou je dessine) sur un papier simple que je colle avec de la colle repositionnable (en spray : tu en trouves à 2€ chez Gifi et consor) Sinon colle en tube mais ça glisse parfois et se décolle, il faut donc bien y faire attention.
Au plaisir de voir tes découpes 😉
Mélanie
Audrey says
Je retombe par hasard sur cet article et cela me rappelle un des premiers exercices que j’ai réalisés pour m’entrainer : découper le profil de la Marianne sur une vieille pièce en francs… Il y a des courbes, le métal est épais, le dessin est précis et c’est petit, donc c’est un chouette challenge !!!
Mel says
Oh, super idée ! je vais m’y atteler aussi, tiens…
Beebee says
Bonjour,
Déjà je voudrais te dire que ce blog est une excellente idée et initiative et que j’en ferai certainement une de mes bibles désormais. Je suis créatrice de bijoux et j’utilise des matériaux divers, mais j’aimerais apprendre à découper et former des pièces en métal depuis un certain temps.
Je n’ai pas trouvé encore de cours qui me convienne dans ma ville, et j’aimerais savoir s’il est nécessaire de prendre des cours impérativement, histoire d’avoir une base ou si à l’aide d’articles comme les tiens et de tutoriels, on peut aisément se lancer.
Merci!
Mel says
Bonjour, et merci pour ces gentils mots 🙂
C’est tout le propos de mon blog : il est absolument possible de commencer seule, et c’est bien la persévérance et l’expérience qui vont te guider et te faire progresser ! Fais des tests, commence par te procurer un peu de matériel, et tente. Puis continue. Si tu bloques, renseigne toi, et ça viendra. Alors oui, prendre des cours ça aide à aller plus vite, je ne dis pas le contraire. Mais il est bel et bien possible de commencer sans prendre de cours. J’essaierai de tourner quelques formations vidéos bientôt. Bon courage et fais-nous part de tes progrès !
Noa says
Bonjour Mélanie,
Merci beaucoup pour cet article ! Est-il possible de savoir où est ce que tu te fourni en plaques de laiton ? Et en quelles épaisseurs en général ? Des références ?
Milles mercis par avance 🙂
Toussaint myriam says
Bonjour Mélanie,
Je ne cesse de regarder depuis des mois tes tutos magnifiques; je vais me lancer… je profite des soldes chez coockson clal;
j’achète un bockfil, la cheville en forme de V avec étau et du fil de laiton. J’ai choisi pour commencer que du fil pour faire des bagues et bracelets. Peux tu me conseiller? Avant la finalisation de mes achats? je peux prendre du” Fil Laiton anti-ternissement 0,81 mm, Artistic Wire de Beadalon” et ou du “Fil Laiton anti-ternissement 1,02 mm, Artistic Wire de Beadalon”? pour bagues et bracelets? Et pour finir, quelle lame de scie dois-je utiliser en tant que débutante pour ces fils et quelle lime ensuite et papier emeri ensuite?
Je te remercie énormément pour tes réponses si tu lis mes questions avant la fin des soldes, le 15 août. Myriam
Mel says
Bonjour Myriam,
Surtout pas les fils Beadalon ! Ils ont un traitement spécial qui est certes anti-ternissement, mais qui ne permet pas de le souder. De même ce n’est pas du laiton pur, du coup ils sont extrêmement mous. Ce genre de fil n’est pas du tout fait pour ça !
Choisis plutôt du “vrai” laiton en quincaillerie, ou chez Tartaix ou Weber à Paris.
Denise Boffi-Bianchi says
Bonjour Mélanie, je suis entrain de me lancer aussi dans cette merveilleuse aventure, grâce à vous! J’étais entrain de passer commande quand j’ai eu un doute concernant le moteur suspendu. Je n’ai pas très bien compris s’il peut être utilisé à la place du moteur à main? si j’opte pour le moteur suspendu j’ai vu qu’il proposent aussi les outils dans une valise. Pouvez vous svp me conseiller sur cet achat? merci d’avance belle journée ! Denise
Mel says
Bonjour Denise, Oui tout à fait, le moteur suspendu ou le moteur à main ont la même utilité (le moteur suspendu étant plus maniable et précis). Je ne sais pas quels sont les outils contenus dans cette valise, mais si on y trouve diverses meulettes, abrasifs, fraises et forêts, alors cela peut être un bon kit de démarrage. Belles avancées à vous ! N’hésitez pas si vous avez des questions (plutôt par email ou sur le groupe privé des élèves, j’y suis plus réactive 🙂 )
Marion Ferlay says
Bonjour, avez vous des références de pinces cisaille pour couper du laiton à conseiller ? Merci d’avance
Mel says
Bonjour, Je n’ai pas de référence particulière à conseiller, les miennes viennent d’Indonésie, et j’avoue ne pas en avoir testé beaucoup d’autres…
Emilie says
Bonjour Melanie,
Merci infiniment pour ces précieuses informations.
Je cherche désespérément une machine à laser pour découper le métal, auriez-vous des recommandations ?
Merci pour votre aide 🙂
Mel says
Bonjour Emilie,
Malheureusement non, je n’ai jamais utilisé de machine laser, j’ai toujours confié cette tâche à des sous-traitants.