Lorsque l’on souhaite “travailler” le métal (laiton, argent, or ou autre), c’est à dire lorsque l’on veut avoir un action sur lui, le déformer même légèrement, il est vivement conseillé de le recuire.
En effet toute action de frappe, torsion, pliage, laminage, aplanissage, aura pour effet d’écrouir votre métal. Il deviendra donc dur et cassant, surtout si vous travaillez de fines épaisseurs.
Le mieux reste donc de le “ramollir” afin de pouvoir continuer à le travailler aisément, tout en le rendant plus résistant.
ÉCROUIR LE MÉTAL
L’écrouissement, c’est le fait de “durcir” votre métal.
Il existe plus façon d’écrouir le métal : tension, compression, frappe (martelage), torsion, pliage, laminage, tréfilage… plus généralement, tout ce qui est susceptible de déformer le métal.
Imposer une de ses actions sur le métal impliquera forcément un écrouissement, même partiel, de votre ouvrage. Prenez l’exemple d’un trombone. Pliez-le en plusieurs endroits puis rouvrez-le afin de l’aplatir. Votre fil ne sera jamais correctement tendu, car il sera écroui au niveau des pliures. Si vous faites cette action à de multiples reprises au même endroit, il est même probable que le fil se rompe.
Quelques exemples d’écrouissement :
Écrouir le métal peut être indispensable lorsque l’on travaille des métaux plutôt mous comme le cuivre ou l’argent, ou lorsque l’on souhaite durcir une tige trop souple par exemple (comme la tige d’une boucle).
D’ailleurs, une technique pour écrouir des pièces très fines, comme les crochets ou clous de boucles d’oreilles par exemple : le tonneau à polir. Sous l’action de la frappe répétée de billes d’acier, les fils se rigidifient légèrement. Attention, ce n’est toutefois pas une solution miracle…
Mais cet écrouissement peut aussi être “subit”, c’est à dire non voulu, ou gênant pour continuer sa création. Dans ce cas là, la seule solution est de le recuire pour lui redonner sa malléabilité.
RECUIRE LE MÉTAL
Recuire son métal, c’est le rendre plus “mou”, plus malléable. Les molécules grossissent sous l’action de la chauffe, et permettent ainsi de retrouver un travail du métal plus aisé.
L’outillage nécessaire pour recuire est relativement simple :
- Une brique réfractaire ou deux (nid d’abeille, billes réfrectaires, skamolex, charbon ou encore perruque en trombones)
- Un chalumeau (pour de très fins ouvrages, un chalumeau à crème brulée suffit. Sinon une lampe à souder ou un chalumeau brésilien Orca font très bien l’affaire)
- Une pince ou brucelle à feu
- Un récipient d’eau à température ambiante.
Quant à la technique, elle est tout aussi simple, si l’on saisi le bon geste et le bon moment pour s’arrêter. La voici en images :
Quelques conseils :
- Recuire sans lumière allumée pour mieux voir son métal rougir.
- Régler sa flamme plutôt “molle”, c’est à dire légèrement jaune au bout, sans trop d’apport d’oxygène.
- Appliquer la flamme uniformément, légèrement en biais pour envelopper au maximum son ouvrage.
- Plonger le métal dans l’eau directement après le recuit, à l’exception du laiton, ou des bijoux comportant des soudures à l’argent, pour qui la trempe aura l’effet inverse et pourrait fragiliser l’ouvrage.
- N’oubliez-pas de dérocher votre ouvrage pour enlever l’oxydation créée par la flamme. Vous trouverez toutes les explications pour faire un déroché maison ici.
Maintenant, vous savez comment recuire et écrouir vos créations, et cela pour tous les métaux : laiton, cuivre, argent ou encore or.
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Lucile says
Bonjour Mélanie, je vous remercie pour tous vos conseils.
J’aimerai pourvoir souder des anneaux ouverts en acier inoxydable avec la problématique suivante : les pierres de Gemme qui jouxtent ces anneaux ne supporteront probablement pas le chalumeau. De même, j’ai un peu peur que les pierres pâtissent du décroché, même au vinaigre blanc.
Auriez-vous une astuce ou solution pour souder ces anneaux ? Un fer à souder avec un fil d’étain auraient-ils une chance de fonctionner ?
Merci beaucoup par avance de votre aide.
Lucile
Alexandre Delsemme says
Bonjour, je suis modéliste ferroviaire et je dois recuire une pièce en laiton. Vos conseils me sont très utiles. Merci. Bonne journée.
Mel says
Ravie de pouvoir vous aider !
Ludivine says
Bonjour,
Je vous remercie pour cette richesse d’informations et de techniques. J’ai une question très certainement idiote mais je voudrais acheter du laiton uz36 chez un fournisseur qui me propose soit du laiton écroui soit recuit, lequel dois-je acheter pour fabriquer mes apprêts et bijoux?
Merci beaucoup pour votre réponse.
Mel says
Bonjour Ludivine, il n’y a pas de question idiote 🙂 Et bien tout dépend des bijoux que vous souhaitez réaliser ! Si vous achetez de l’écroui, celui-ci sera donc “dur”, pratique pour la découpe. Mais si vous souhaitez le mettre en forme, il faudra le recuire vous-même.
A l’inverse, si vos créations seront pour sûr modelées (si par exemple vous ne comptez faire que des manchettes), alors votre travail sera facilité avec du laiton déjà recuit.
Dans le doute, si vous ne savez pas encore, choisissez peut-être du “écroui”, car il sera plus facile de recuire du métal écroui que d’écrouir un métal recuit.
Ludivine says
Merci beaucoup j’y vois plus clair maintenant. Belle année et belles créations !
Nadia says
Bonjour ! merci beaucoup pour ces techniques !
J’ai une petite question : pour un bijoux réalisé avec un fil souple (cuivre) et avec une pierre; y a-t-il une possibilité de le durcir après avoir réalisé la création ? j’ai peur qu’il se déforme et s’abime et je ne sais pas comment faire…
Merci d’avance et bonne journée !
Nadia
Mel says
Bonjour Nadia,
Difficile à dire sans voir le bijou, et effectivement une fois fini cela limite les actions possibles dessus. D’autant plus que le cuivre est un métal assez “mou” de base. Peut être essayer de le frapper au maillet sans le déformer ?
Nadia says
Bonjour,
Merci pour votre réponse. C’est un peu compliqué pour le bijoux en question… A l’avenir, j’essaierai plutot d’écrouir le métal à l’avance !
charlotte says
Bonjour! Merci pour cette video. Je souhaite personnaliser un bracelet fin en laiton galvanisé à l’or fin 0,3 micron avec un poinçon à frapper. Faut-il recuire le bracelet pour le rendre plus souple et faciliter la frappe? En utilisant un marteau j’ai quand même du mal à marquer le dessin.
Je vous remercie
Charlotte
Mel says
Bonjour Charlotte,
Non, surtout pas ! Il ne faut pas recuire ou souder sur du métal qui est déjà doré. Surtout que 0,3 micron, c’est extrêmement fin : toute la dorure partira sous la flamme du chalumeau. D’ailleurs mieux vaut ne pas tamponner une pièce déjà dorée. En général, la dorure est la toute dernière étape.
Alicia says
Bonjour Mélanie, tout d’abord je tiens à vous remercier pour tous les conseils que vous donnez dans votre blog. Voici mon interrogation. Je fabrique (“monte”) des bijoux à partir de matériaux recyclés. J’achète les crochets d’oreilles, anneaux, fermoirs, … Je voudrais tendre vers des bijoux plus artisanaux. Je souhaite dans un premier temps créer mes propres crochets d’oreilles. Pour cela j’ai acheté du fil d’argent 950 recuit. Je ne m’attendais pas à ce que le fil soit aussi souple et déformable. Une fois le crochet formé comment pourrais-je faire pour le faire durcir ? Je vous remercie par avance. Alicia
Mel says
Effectivement, les fils d’argent recuits sont très malléables. Pour les écrouir un peu, il est possible de marteler légèrement le crochet en sur le haut de sa courbe. Sans trop l’aplatir toutefois 🙂
Isaac OLEG SImanot says
C’est un doublon – (sur youtube déja )
Bonjour, vos explications sont concises, abordables, très bon travail pour une approche c’est appréciable.
J’ai une question a propos de l’avivage d’un boitier de montre acier plaqué or.
Il était pas mal rayé genre rayures de chiffon, emploi de miror ou style ; j’ai pu éclaircir et redonner du miroir a la surface (bien sur si je regarde a la loupe je vois encore des rayures mais de plus loin c’est acceptable) . Je me demandais juste si lors de l’avivage avec du Dialux rouge sur un petit disque en molleton, on arrive a “déplacer” un peu de métal dans les rayures. Je pense que lors de ces opérations on peut faire assez fortement monter la température en surface, mais est ce suffisant pour avoir un effet ramollissement, ou bien est ce seulement une abrasion que l’on obtient ? Je me doutes la question n’est pas si simple mais vous aurez surement quelque idée – je me doute bien qu’on atteint pas la température d’écrouissage avec un polissage, mais est qu’il y a un effet sur la dureté du placage ? (permettant un meilleur effet miroir) . Merci de m’avoir lu et pour vos idées sur ce sujet
une photo : https://www.hebergeur-image.com/upload/212.195.37.215-6169d97b4873e.jpg
Mel says
Bonjour Isaac, l’avivage au rouge ne permettra pas de deplacer du metal, ou de combler la rayure. En revanche, si la rayure est vraiment tres fine, il est possible d’abraser tres legerement la surface et ainsi “d’effacer” la rayure. Mais mieux vaut passer par l’etape de l’emerisage au prealable, avant d’aviver au disque feutrine ou coton + dialux
Isaac Simanot Oleg says
Bonsoir et merci beaucoup, qu’appelez vous “emerisage ? c’est faisable sur un placage doré ? j’ai vu retirer le placage a la microbilleuse puis polir puis redorer dans un bain, mais travailler avec un abrasif plus agressif que le rouge dialux je ne vais pas attraper la perce rapidement ?
(j’aime autant laisser qq rayures et avoir une surface plus brillante) je ne durcit pas non plus l’or pendant l’avivage ? (la chaleur) auquel cas je devrai employer des feutres plutôt que du molleton …
Bonne soirée
Bien cordialement – Isaac
Isaac Simanot Oleg says
SI l’emerisage est un “dépoli” je conçois que ça permet de mieux aviver, on accroche plus la surface (je le fais sur du polyester par exemple) . J’ai peur de la faible épaisseur de dorure , en fait déja se méfier des chants et angles rend le travail délicat . Des disques en caoutchouc abrasif (jaunes par exemple) peuvent ils être employés ?
Encore merci et excusez les questions a répétition 😉 Isaac
Mélanie says
Bonjour Mélanie, Est ce qu’on doit recuire le métal à chaque fois que l’on veut scier?
Merci 🙂
Mélanie
Mel says
Bonjour Mélanie,
Pas du tout, le recuit n’aide en rien à la découpe. Il est utile lorsque l’on souhaite tordre, déformer, plier le métal. Mais le recuire pour le découper ne servira pas à grand chose.
Axelle Raffin says
Bonjour ! J’aurais une question un peu spécifique : pensez vous qu’il soit possible de dorer à l’or fin des œillets en laiton bruts sans déformer la dorure au pressage des œillets ensuite ? Pour l’instant cela fait éclater la dorure de l’autre côté, quand le tube de l’œillère est tulipé contre le contre œillet
Mel says
Bonjour, Malheureusement il sera impossible d’exercer une telle pression/déformation, sans altérer la couche d’or. Surtout pour la dorure à l’or fin qui représente une épaisseur de moins d’un micron…
THERME ANNICK says
Bonjour, merci pour cette vidéo ! Je galère un peu pour ma part sur du laiton martelé, aussi 1mm. Combien de temps pensez vous que je doive recuire la plaque ? Par ailleurs, la marque de cuisson reste, peut etre l’ai je trop fait recuire…Qu’en pensez vous ? Merci d’avance
Mel says
Bonjour Annick, difficile à dire sans voir votre pratique, mais le recuit n’est une question de temps mais de chaleur. Si l’on fait “trop” recuire une plaque, alors sa surface va réticuler (fondre légèrement et se froisser). Si vous avez du mal à travailler le métal par la suite, c’est alors que votre plaque n’est pas assez recuite. Il est normal d’avoir des marques d’oxydation qui restent après recuit, il faudra les enlever avec un déroché. Je ne sais pas quel type de chalumeau vous utilisez, mais pour du laiton de 1mm, il faut prévoir une flamme assez chaude.
ANNICK THERME says
Merci pour vos précisions. Pour finir, combien de temps le métal garde t-il cette propriété ? En gros. Le temps que cela refroidisse, j’ai parfois l’impression que cela re durci. Merci d’avance
Mel says
Bonjour Annick, le métal garde sa propriété malléable ou durcie tout le temps. La seule façon d’écrouir à nouveau le métal sera en le frappant, en le laminant, en l’étirant, en le tordant etc… Après recuit, si on ne le touche pas, le métal reste toujours recuit, donc malléable.