C’est une évidence : lorsque l’on débute un métier-passion comme celui de la bijouterie, il faut se construire un établi à l’image d’un petit nid, un endroit agréable où votre esprit sera libre de créer.
En tant que grand débutant, inutile d’investir tout de suite dans un local ou un atelier, vous pouvez tout à fait faire cela de chez vous. Par la suite, votre activité grandissant et si vos finances vous le permettent, je ne peux QUE vous conseiller de vous installer ailleurs qu’à votre domicile. Question de survie mentale et ménagère…
Où mettre votre établi ?
Vous installer à votre domicile demandera quelques sacrifices en terme de place. La localisation de votre atelier sera donc en fonction de la place que vous pourrez lui consacrer. Mais si vous n’avez que l’embarras du choix, voici mes conseils, par ordre d’importance :
L’aération
Ce point est essentiel : si vous utilisez de l’acide à dérocher ou du gaz pour vos chalumeaux, il vous faut impérativement prévoir une aération correcte de votre pièce. Dans mon premier atelier, à mon domicile, cela n’était pas possible. Et cela s’est même corsé lorsque j’ai eu un enfant. J’avais donc déporté mon déroché et mon poste à souder sur mon balcon. On ne peut pas faire plus aéré 😉
Le sol
Travailler le métal est salissant : vous allez mettre de la limaille partout, de la poussière de silicone et de la pâte à polir bien noire traînera tout autour de votre établi. Facilitez-vous la tâche : bannissez la moquette et les tapis, préférez les linos et le carrelage. Si votre parquet est tout beau tout neuf : épargnez-le en achetant un petit bout de lino pour quelques euros. Placez-le dessous, dans un périmètre d’au moins 1m autour de votre établi.
L’idéal ? Une pièce réservée à votre activité qui ne vous demandera pas de nettoyage après chacun de vos passages.
La lumière
Choisissez un endroit si possible lumineux : travailler dans le noir fatigue les yeux, et l’esprit a du mal à s’aérer. Près d’une fenêtre, dans une véranda ou sous un velux serait idéal. Si cela n’est pas possible, investissez dans un éclairage artificiel de qualité, avec des ampoules de lumière blanche.
Le calme
La concentration est meilleure dans un endroit calme. Évitez dans la mesure du possible le salon, ou toute pièce où vous seriez dérangée trop souvent, que ce soit par vos proches ou bien par trop de tentations : le canapé, la télé, le grignotage, le linge à repasser… Sur ce point je suis l’exemple parfait du “faites ce que je dis, pas ce que je fais” : mes 2 premiers établis étaient en plein milieu de mon salon. Je parle donc en connaissance de cause !
L’espace
Idéalement, choisissez un endroit spacieux. Ce n’est certes pas du tout nécessaire pour commencer mais vous le savez : plus on a de place, plus on en prend ! Ne pensez pas non plus “trop” grand : le bijoutier malin aura tous ses outils à portée de main. L’espace, c’est plus pour les diverses choses annexes à ranger, et pour se sentir moins oppressé. On peut donc considérer ce dernier conseil comme un luxe, en effet 🙂
Le meuble : l’établi du bijoutier
En tant que grand débutant : pas d’investissements précipités ! On commence avec les moyens du bord. Les plus bricoleurs d’entre vous pourront se fabriquer un établi “maison”. Pour les autres, soyez rassurés : une table et une chaise feront l’affaire, mais essayons d’optimiser cela.
La table
Elle doit être plutôt haute, disons aux alentours de 80 / 90 cm de hauteur. Cela vous permettra d’avoir les coudes positionnés assez haut, la cheville à hauteur de poitrine. Cela afin de ne pas être trop penché.e sur votre ouvrage.
Choisissez votre plateau en bois, moins glissant que le mélaminé, et moins toxique lorsque vous laisserez accidentellement traîner la flamme du chalumeau. Quoi qu’il en soit sachez que vous allez l’abîmer, le salir, le patiner… Sinon c’est que vous ne travaillez pas assez ! Alors inutile de choisir un joli mélaminé blanc laqué : il ne resterait pas blanc très longtemps.
Votre table, ou établi doit être bien fixe : il n’y a rien de plus désagréable que d’avoir une table qui bouge lorsque l’on travaille manuellement dessus. Le sciage, le martelage, le pliage… il y a tout un tas de gestes en bijouterie qui nécessitent de la force, qui pousseront la table, la tireront, ou appuieront dessus. Aussi, préférez une épaisseur de plus de 3 cm pour le plateau, de façon à ce qu’il ne se courbe pas.
Si vous pouvez le faire : découpez à l’endroit de votre poste de travail, un arc de cercle de 60 cm de diamètre environ. Il faut que vous puissiez poser les coudes de part et d’autre de la cheville (au centre de cet arc de cercle), mais aussi que vous puissiez les laisser baissés, dans l’arc de cercle, de part et d’autre de votre cheville. Celle ci doit vous arriver à hauteur de poitrine. Cet arc-de-cercle n’est pas obligatoire mais bien pratique pour commencer avec la bonne posture, et s’éviter des ennuis par la suite.
Si vous optez pour l’arc de cercle, n’oubliez pas d’apposer dessous à l’aide de crochets un tiroir ou une peau de cuir pour protéger vos jambes et rattraper vos bijoux qui tomberont de multiples fois.
Voici des photos de mon premier établi, qui m’a bien dépanné mais qui n’était pas des plus pratiques.

Au niveau luminosité j’étais bien servie grâce à une grande baie vitrée. Au final, j’ai travaillé sur cet établi 2 ans avant d’en changer, et cela a fait l’affaire.
Les rangements
Un établi bien pensé a beaucoup de rangements, et chaque chose doit avoir sa place. Votre propre usage vous fera certainement modifier ces rangements selon vos habitudes et pratiques. Mais essayez au moins d’avoir :
- Des rangements bas, pour stocker le matériel peu utilisé ou encombrant, et votre métal.
- Des tiroirs de part et d’autre de vos jambes pour y mettre notamment les consommables : la cire, les forets, les paillons de soudure, la pâte à polir, le triboulet à bague et j’en passe…
- En hauteur, vous devez avoir un maximum d’outils du quotidien. Si votre plan de travail est réduit, utilisez les murs. Les planches trouées pour ateliers de bricolage sont très pratiques pour cela. Agrémentées de crochets et pinces, elles garderont devant vos yeux vos outils de “première nécessité” : le bocfil, le chalumeau, le moteur, la règle et l’équerre, marteaux et maillets, limes et pinces…
Solution encore plus économique : utilisez une planche de contreplaqué dans lequel vous planterez des clous parfaitement pensés pour vos outils. Vous pouvez également utiliser un aimant à couteau, fixé au mur, pour y disposer vos pinces ou limes en métal.
- Sur le plan de travail, gardez les consommables souvent utilisés : un tourniquet pourra stocker quelques forêts, meulettes et mandrins pour micro-moteur. Un pot pour les limes aiguilles, un autre pour les cabrons, un pour les pinces à feu. Un petit pot de flux toujours à portée de main de votre poste à souder.
- Jouez sur les hauteurs et les petits tiroirs, ne lésinez pas dessus. Pour éviter de trop rechercher chaque outil, pensez à étiqueter vos tiroirs et pots, le temps que cela vous soit naturel.

L’assise
Tabouret ou chaise, peu importe. Vous ne vous servirez pas ou très rarement du dossier lorsque vous travaillerez. Le plus important est de choisir une chaise ou tabouret réglable en hauteur.
En effet, lorsque vous travaillerez “à la cheville”, à la découpe par exemple, il faudra que votre travail soit à hauteur des yeux. Votre chaise devra donc être plutôt basse, de façon à ce que la cheville soit à hauteur de poitrine environ. Votre coude, une fois posé sur la table, doit être à l’horizontale.
Pour souder ou marteler, vous préférerez peut être remonter votre chaise ou bien comme moi, vous mettre debout.
Comme vu plus haut, j’ai fait l’erreur sur mon premier établi de choisir une assise fixe ET trop haute. J’étais toujours penchée sur mon ouvrage. Attention aux maux de dos…
Un autre conseil : choisissez une assise qui tourne et/ou qui roule. Selon la configuration de votre établi, il peut être bien pratique parfois de donner un petit coup de hanche ou de pied pour se tourner vers un tiroir, plutôt que d’avoir à se lever en poussant sa chaise à chaque fois.
Pas besoin d’investir des sommes folles, commencez avec ce que vous avez chez vous. J’ai personnallement trouvé plusieurs des mes chaises d’établi sur un site de seconde main pour une bouchée de pain (un déstockage d’une salle de cours de biologie : idéal !)
Vous voilà prêt à vous installer !
Je précise que chaque établi sera toujours perfectible, vous finirez par trouver vos marques selon vos usages. Si mes conseils (qui viennent pour la plupart d’erreurs que j’ai moi-même commises) peuvent d’ores et déjà vous aider, c’est déjà ça !
Comme je le dis souvent : le plus important sera de démarrer votre activité, pas de choisir la table idéale pendant des heures. Alors commencez avec ce que vous avez chez vous, à moindres frais. Vous verrez plus tard comment améliorer votre poste de travail.
Personnellement, j’adore voir les coulisses chez les autres. N’hésitez pas à partager des photos de vos établis, de vos astuces et petites améliorations. Si vous avez d’autres conseils, notez les en commentaire !
Et enfin, voilà un aperçu de mon atelier en 2017-2018 à Toulouse (Crédit photo : Pascaline Hoffmann)




Bonjour,
Je suis déboutante en bijouterie et votre blog m’est de très grande aide!
Ayant pas les moyens d’acheter un établi pour commencer j’ai récupérée une table en pin (épaisseur de 3,5 cm). Mais, je me pose la question de savoir si ce type de bois serais résistant, pour mettre une plaque réfractaire dessus? En fait, j’ai peur qu’il puisse s’inflamer en contacte de la plaque réfractaire un peu chaude (vu que les établis sont fait en chêne, peut être le pin n’est pas du tout indiqué). Je vous remercie d’avance pour votre aide. Bonne journée et encore merci pour ce superbe blog!
Bonjour Nathalie,
J’utilise moi aussi un plateau en pin, je n’ai jamais eu de problème. Ce que je fais c’est que j’ai récupéré 2 carreaux de ciment (carrelage) que je pose sur mon plan de travail, sous la plaque réfractaire. Pour le coup, je suis sûre de ne rien abîmer !
Bonjour ,
Je viens de tomber sur votre site et vraiment un GRAND MERCI, ca fait du bien de trouver une professionnelle qui partage son experience en tant qu’autodidacte et vous lire m’encourage beaucoup à persévérer car je suis moi-même en apprentissage et en autodidacte et compte bien vivre de mes créations !
Beaucoup de questions me viennent à l’esprit, est ce que vous accepteriez d’y répondre ici ?
Merci d’avance !
Excellente soirée ! 🙂
Bonjour, merci pour votre enthousiasme et bravo pour votre démarche ! Je serais ravie de vous aider autant que mes connaissances et mon temps le permettent. Vous pouvez me poser vos questions, et j’y répondrai via de nouveaux articles pour le blog, afin que ces informations soient disponibles pour le plus grand nombre (et vu que beaucoup de personnes me posent des questions, cette façon me permet aussi d’optimiser mon temps 🙂 ) Au plaisir ! Mélanie
Un grand merci pour ce partage d’expérience, vos conseils nous sont d’une grande aide (à nous, autodidactes). Le matos entre peu à peu, j’ai tellement hâte de m’y mettre 🙂
De rien, n’hésite pas à nous partager tes premières créations !
Bonjour, je découvre votre site avec grand plaisir, je vais me lancer en tant qu’ auto entrepreneur et autodidacte également reconversion professionnelle à 51 ans…demain direction la chambre des métiers et artisanat et commencement à faire la liste de ce que j ai besoin grâce à tous vos conseils et merci de partager avec nous toutes !!! Mon mail est provisoire en attendant d un créer un pour mon activité car il faut que je trouve le meilleur nom.
Bienvenue dans le monde merveilleux de la bijouterie 😀 Il n’y a pas d’âge pour se reconvertir, mon père a lancé sa galerie d’art au même âge que vous, un rêve depuis toujours, et sans regret aucun tellement c’est épanouissant !
Bonjour et merci beaucoup !
Immense merci et félicitations pour ce site. Vous lire est passionnan, très agréable, et drôle parfois. Je vous ai lue car j’etais sous le charme mais maintenant je me pose sérieusement la question : et si je m’y mettais ?
Je suis à la retraite, j’aime faire de mes doigts, créer même si je copie beaucoup. Ce serait pour m’amuser. Vendre ? mais j’imagine qu’il faut.. combien de temps d’ailleurs pour réussir à faire des bijoux vendables?
A combien revient le matériel de base nécessaire ?
Organisez-vous des stages longs (1 ou 2 semaines) ?
D’avance merci pour vos réponses et mes félicitations une fois encore.
Hélène
Bonjour Hélène, et merci pour toutes ces gentillesses à mon égard, je suis flatée ^^ Vous êtes à la retraite : vous avez donc du temps pour vous lancer, il n’est jamais trop tard. C’est même idéal ! Répondre à la question de “combien de temps pour faire des bijoux vendables” est tout simplement impossible. Chaque personne est différente, chaque parcours aussi, et d’autant plus chaque entreprise créative. Pour ma part, j’ai vendu mes bijoux quasiment tout de suite, dès que j’ai été satisfaite de mes premiers essais. J’avoue, ils n’étaient pas si bien finis. Mais cela se vendait quand même 😀 Et par la suite j’ai amélioré, puis vendu plus, puis mieux. Et enfin, j’ai atteint la rentabilité en quelques mois. Pour toutes les autres questions, vous trouverez des réponses plus détaillées sur la chaine Youtube : https://www.youtube.com/channel/UCUqkblVOKfeDnwFIEz-H2RA (en ce moment je fais une Foire Aux Questions durant le mois de Décembre)Au plaisir !