Les matériaux utilisés en bijouterie fantaisie peuvent être nombreux. Sans se limiter au travail du métal, nous trouverons de belles oeuvres en verre, en résine polymère, en bois ou encore en céramique. Il n’existe pas de matériau meilleur qu’un autre, tout est affaire de style et de goût.
Mais si nous restons dans la bijouterie “classique”, le métal est la base de tous les bijoux.
Il est rare, lorsqu’on débute, de travailler directement les métaux précieux tels que l’or ou le platine. Il serait bien évidemment dommage de gaspiller des métaux ayant une telle valeur, même s’il est toujours possible de les faire fondre pour les réemployer.
Nous nous concentrerons donc ici sur les métaux et alliages à moindres coûts, pour s’entraîner à la bijouterie sans casser sa tirelire, tout en prenant beaucoup de plaisir !
Qu’est ce qu’un alliage ?
Un alliage est le résultat de la fusion de plusieurs métaux.
Les métaux bruts, eux, se trouvent à l’état naturel dans le sous-sol de la terre. Ce sont des corps simples et solides (sauf le mercure) mais souvent trop mous pour être travaillés correctement en bijouterie.
Et oui : si vous vouliez un bijou en or ou en argent pur (100%), celui-ci se trouverait bien vite déformé, rayé, écrasé, abîmé !
De même, la création d’alliages permet de modifier légèrement la couleur du métal. L’or jaune, ça va un instant… si on peut avoir de l’or blanc et de l’or rose, c’est encore mieux ! Ajoutez-moi donc un peu de zinc, une once d’argent, quelques peu de cuivre et en route pour de nouvelles créations !
Allier des métaux, c’est donc permettre plus de variété dans la couleur, plus de maniabilité, de résistance, mais également un brasage plus simple à réaliser (la brasage est le terme désigné en bijouterie pour la soudure).
Pour un bijou doré : le laiton
Le laiton est un alliage de Cuivre et de Zinc. On l’appelle aussi parfois le Bronze, bien que ce soient deux alliages différents (le bronze est du Cuivre allié à de l’Etain ce qui donne un aspect plus “rosé” au métal). Ils sont néanmoins très ressemblants, c’est sans doute pourquoi les anglophones ne font pas la distinction et utilisent le même mot “Brass” pour désigner les deux.
Le laiton est ma base préférée pour m’exercer : pour un faible coût, il est un peu plus mou que l’or, mais bien moins que l’argent, et il a un rendu magnifique. Une fois poli, on obtient une belle couleur “champagne” bien brillante, mais qui malheureusement ne dure pas.
En effet, le laiton s’oxyde naturellement au contact de l’air, de l’eau ou de la peau. La réaction d’oxydation, aussi appelée “vert-de-gris” entraînera immanquablement un ternissement du métal, puis un brunissement plus ou moins intense selon l’acidité de la peau de son propriétaire. Cette oxydation peut se transférer sur la peau, d’où les traces noires qui entourent parfois les doigts sous une bague en alliage laiton. Cette réaction n’est pas dangereuse mais peut déranger son propriétaire.
Toutefois, cette coloration du métal peut être un parti-pris esthétique, selon le style que l’on veut donner à son bijou. Pour un rendu plus antique et moins “bling-bling”, le laiton sera idéal. Gardez en tête néanmoins que lorsqu’un bijou est vendu à un client, celui-ci s’attend souvent à ce qu’il reste tel qu’il l’a acheté. Prévenez donc vos clients !
Nous verrons même par la suite le procédé pour “vieillir” artificiellement les bijoux en laiton et ainsi obtenir d’emblée cet effet “vieux bronze” ou même “tâché”.
Il n’en reste pas moins l’alliage de choix pour des bijoux destinés à être plaqués. Les traitements par électrolyse tiennent particulièrement bien sur cet alliage.
Pour le garder tel qu’il est une fois poli, il n’existe malheureusement pas de solution miracle à ce jour : les vernis spécialisés ou non, finissent immanquablement par s’émousser et le laiton par ternir.
Ceci étant dit, le laiton est extrêmement facile à nettoyer : de nombreuses recettes de grand mère viennent à bout de ce ternissement en quelques minutes à peine. Il suffit juste d’en prendre soin régulièrement !
Pour un bijou argenté : le maillechort
Le Maillechort est un alliage de Cuivre, Zinc et Nickel. Son nom vient de ses inventeurs : les Français Maillot et Chorier. On le trouve également sous le nom “alpaca” (plutôt en amérique latine) ou “german silver” (car il fût très prisé des allemands).
De couleur argentée, on le retrouve par exemple sur le cercle extérieur de la pièce de 1€, ou l’intérieur de celle de 2€.
Attention toutefois : le maillechort n’est plus autorisé à la revente en France et en Europe! En effet il contient du nickel, interdit à la vente dans les bijoux depuis 2009. En revanche, vous pouvez très bien l’utiliser pour vous entraîner, faire des prototypes, ou encore offrir vos bijoux (à des personnes non allergiques, ça va de soi).
Le Maillechort est un peu plus léger que l’argent, et un peu plus “sec” ou “dur” à travailler. Rien de trop compliqué toutefois, d’autant plus qu’il est plutôt malléable si on le recuit souvent, et il est facile à souder à l’argent. Un peu plus cher que le laiton, il l’est toutefois bien moins que l’argent. Très utilisé en écoles de bijouterie pour réaliser des ouvrages aux couleurs argentées, il est aujourd’hui un peu moins facile à trouver depuis l’interdiction de sa revente en bijouterie. Mais en insistant bien, on finit par trouver !
Son avantage : hormis sous le feu du chalumeau, ce métal s’oxyde peu ! L’air ou le contact de la peau finiront forcément par atténuer la brillance du bijou sorti du polissage, mais il faudra alors un certain temps. Et tout comme le laiton, il est très facile à nettoyer.
Visuellement, le Maillechort se rapproche plutôt bien de la couleur de l’argent 925, bien qu’un peu plus “noir” que l’argent, qui lui est bien blanc une fois poli.
Pour un bijou rosegold : le cuivre
Très en vogue, la couleur Or Rose en ce moment ! Le cuivre s’en rapproche énormément en terme de couleur.
Le Cuivre est un métal à part entière, et non pas un alliage. En effet, on le trouve à l’état naturel dans la croûte terrestre. Et il a de quoi plaire : en plus de sa couleur rouge qui plaît beaucoup, il est essentiel à toute forme de vie, et était dédié à la déesse Aphrodite et aux artistes, rien que ça ! Le cuivre est également utilisé pour soulager la douleur de l’arthrite, pour conduire l’énergie, pour permettre le fonctionnement glandulaire adéquat et pour améliorer la circulation sanguine. Et c’est bien ce même cuivre qui se fond à l’or pour en faire… de l’or rose !
Très malléable, avec un point de fusion plutôt bas, le cuivre se travaille très facilement, la découpe est plutôt aisée. Il a donc de beaux atouts pour nous séduire.
Mais tout n’est pas si rose (si j’ose dire) pour ce métal. En premier lieu : utilisé pur, il reste très mou. Attention donc de prendre une épaisseur légèrement supérieure à vos habitudes si vous souhaitez que votre bijou ne se déforme pas trop (les bagues notamment). Un autre désavantage, qui à mes yeux représente son plus gros inconvénient : son oxydation vitesse grand V ! Impossible de le garder bien brillant et rose plus de quelques heures… Ceci dit, de même que pour ses confrères : le nettoyage de ce métal est plutôt facile. Mais il devra être répété souvent si l’on veut garder ce côté RoseGold, justement.
Quand on se sent plus sûr de soi : l’argent massif !
Nul doute que si vous aimez la couleur argent, vous allez rapidement passer le cap et investir dans l’argent massif. Vous trouverez différents termes pour parler d’argent : l’argent massif, l’argent sterling, l’argent 925 – abréviation de 925/1000ème.
L’argent 925 est donc composé de 92,5% d’argent pur, et de 7,5% de cuivre. Cela en fait donc un alliage bien blanc, mais légèrement oxydable s’il n’est pas porté – ou devrais-je plutôt dire “frotté”.
Il existe également de l’argent 950, plus mou. A choisir, préférez-lui son cousin l’argent 925.
L’argent est très agréable à travailler : il est malléable mais solide, et permet des brasures faciles. Attention aux ouvrages trop fins cependant : l’argent 925 peut se déformer car il est assez mou. Un bijou en argent est facile à nettoyer, et un bon polissage le rendra très brillant, voire “miroir”. Pas étonnant : le mot “argent” vient du sanskrit “ar-jun” qui signifie “brillant” ! Le pendant de cette malléabilité est qu’il sera aussi très facile à rayer. Un bijou en argent pourra donc vite perdre son éclat.
Certains voudraient à tout prix éviter l’oxydation ou la détérioration du métal. (Bien que cela soit une question de goût, la patine naturelle d’un bijou peut être fortement appréciée). C’est pourquoi les bijoutiers proposent parfois des bijoux en argent rhodié, qui sont en réalité des bijoux en argent sur lesquels a été appliquée une très légère couche de rhodium. Ainsi le bijou est plus brillant et le reste dans le temps. Ces bijoux en argent rhodié coûtent cependant plus cher car il faut savoir que le rhodium coûte bien plus cher que l’argent et même bien plus cher que l’or. C’est un métal rare est son extraction est difficile. Le rhodiage est souvent confié à un artisan qui l’effectue par électrolyse.
A noter : les bijoux en argent doivent en principe être tamponnés avec un poinçon “minerve”. Mais tant que cela reste de l’entraînement personnel, ou que votre bijou ne dépasse pas 30 grammes, celui-ci n’est pas obligatoire.
Vous voilà à présent un peu mieux armés pour faire votre choix – ou pas ! Ces métaux communs sont très abordables. A moins que vous n’ayez une forte préférence au niveau des couleurs de métaux, ne vous limitez pas et testez, coupez, formez, soudez… vous aurez vos préférés, ceux qui vous donnent du fil à retordre et vous pourrez ainsi vous faire votre propre opinion. Sans oublier l’expérience acquise, petit à petit !
sofia says
Super Article ! Je me suis renseignée sur les tarifs des plaques en laiton, sur cookcson clal ça coûte très chèr environ 18-19 euros pour une plaque de 0.7 x 150 x 150 mm !! Est-ce le prix ? Quelle épaisseur utilisez-vous pour vos plaques en laiton ? Merci beaucoup, vos articles donnent tellement envie de s’y mettre, là je suis au stade budget et j’ai peur que ça soit assez excessif pour moi à ce jour :/
Mel says
Bonjour Sofia,
C’est effectivement bien trop cher ! Il y a des fournisseurs à Paris comme Tartaix ou Weber, qui pourront vous fournir des chutes ou découpes pour bien moins cher. Sinon, farfouillez sur le web (en évitant les sites spécialisés pour bijoutiers), vous pourrez mieux comparer.
Pour l’épaisseur, tout dépend des créations que vous souhaitez réaliser. Pour ma part, j’utilise beaucoup le 0.6, 0.8 et 1mm.
Bonne création !
Pompougnac says
Bonjour,
Super article ! Très intéressant ! J’ai essayé de travailler le laiton « de bricolage » mais en deux jours la bague étaient noire ! J’ai une peau acide je crois et les bijoux s’oxydent très vite … y a t il un alliage a préférer ou existe t il des sites qui vendent des laitons pour bijoux (qui s’oxyderait moins) ?
Merci d’avance
Marie
Mel says
Bonjour Marie,
Malheureusement il n’y a pas de différents laiton… le laiton reste du laiton, qu’il soit acheté en magasin de bricolage ou chez un professionnel de la bijouterie ! La quantité de cuivre peut légèrement varier dans l’alliage mais cela donnera le même résultat à peu de choses près. Si ta peau noircit le laiton, alors ce sera pareil avec tous les laitons. Une solution pourrait être un traitement par galvanoplastie en “vieil or” pour essayer de s’approcher de la couleur du laiton. Bonne recherches à toi !
Gaëlle says
Bonjour, j’ai découvert votre site hier. Votre parcours m’a parlé et… Je crois que j’ai lu votre site de A à Z (je n’ai pas vu l’article sur les bons plan pour s’équiper ?). Magnifiques créations et beau parcours !
Je cherche depuis des semaines un tuto pour faire une bague telle que l’alliance femme en argent massif que vous présentez ici (le rond parfait, pas de point de soudure visible, le jonc enroulé…). Pourriez-vous m’expliquer comment faire ? Ou où trouver comment la réaliser ?
Mel says
Bonjour Gaëlle, merci pour vos gentils mots ! Pour ce qui est d’un tuto, je pourrai éventuellement en réaliser un pour un prochain article mais pour le moment il me serait bien difficile de vous l’expliquer par écrit en commentaires 😉 Ces alliances avaient fait l’objet d’un cours de 3h dans mon atelier, en présentiel. Il serait plus facile d’expliquer en vidéo éventuellement. J’y réfléchis ! Restez connectée…
Gaëlle says
Merci ! Un tuto ou un article serait royal, je reste connectée
Surtout que je crois qu’il est maintenant difficile géographiquement de faire un atelier avec vous ?
Azuki says
Bonjour,
Je viens de lire plusieurs de vos articles qui m’ont beaucoup interessee. Dans celui-ci, vous avez inséré des photos de machette martelée. Puis-je vous demander avec quel outil (quel type de marteau) vous l’effectuez?
Merci d’avance de votre réponse
Bon week end
Mel says
Bonjour,
Il s’agit d’un petit marteau de bijoutier acheté en Indonésie il y a quelques années, et qui comporte un petit défaut sur la panne ronde… du coup, il sera difficile de trouver exactement le même :-S
Manon says
Bonjour Gaëlle,
Avez-vous déjà travaillé avec du laiton recyclé ? Si oui, savez-vous où peut-on en trouver pour les travailler ?
Merci pour tous vos conseils précieux !
Ingrid says
est ce que vous savez où je peux acheter du laiton à Paris ? Merci
Clet says
Hello!
Trop bien l’explication !!!
Où peut t’on trouver de l’argent 925?
Et comment on fait un fil a partir d ‘un lingot?
Ludivine Mayengo says
Bonjour super article vraiment, je suis dans le continent d’Afrique et je m’intéresse ces derniers temps à la bijouterie, vos formations en ligne me seront vraiment utiles ☺️. Juste pour savoir, pour débuter peux t’on aller avec l’acier inoxydable ? Et aussi n’importe quel acier inoxydable même celui que papy achète souvent pour ces travaux de bricolage .
Mel says
Bonjour Ludivine,
Je déconseille de travailler l’acier inoxydable : ce métal est bien trop dur à travailler de fçon traditionnelle. En bijouterie, l’acier est généralement usiné, à l’aide de machines industrielles ou d’outillage spécifique.
Mieux vaut commencer avec du laiton, du cuivre avant d’envisager des métaux plus précieux.