A l’heure où j’écris ces lignes, je me fais moi-même violence.
Je pense à cet article depuis plusieurs mois, je l’ai mis dans mon calendrier éditorial, et je le rédige la veille de sa mise en ligne. J’ai à la fois aucune et 1000 raisons de ne pas l’avoir écrit plus tôt.
J’ai toujours fait ça. (Je suis mon pire exemple).
Mais je sais que je ne suis pas la seule…
Depuis que je forme d’autres personnes au métier de bijoutier, je ne peux que constater le phénomène. Les excuses sont nombreuses – et paradoxalement parfois justifiées – pour retarder le moment de se lancer.
“Il me manque le bon outil pour tenter cette nouvelle technique”.
“Non mais je ne suis pas encore assez douée ou diplômée pour vendre mes créations”.
“J’ai plus de papier dans l’imprimante pour poster ce dossier de candidature”.
“Zut, je ne connais pas le numéro du service administratif qui pourra m’immatriculer”.
“Il me manque un beau logo pour créer un site internet, enfin… “
Je souris intérieurement, car je me revois tomber dans ces même travers 🙂
Et parce que je pratique depuis toujours l’art de tout faire dans l’urgence, je pense que je peux vous donner ici mes petits “tips” de procrastinatrice professionnelle !
Qu’est ce que la procrastination ?
Pour faire simple : la procrastination est un comportement d’évitement . On procrastine lorsque l’on repousse toujours à plus tard une tâche ou un objectif, sans aucune raison claire apparente.
De fil en aiguille, à force d’excuses, et souvent sans vraiment se l’avouer, on s’éloigne de la réalisation d’une tâche, qui pourtant est importante à réaliser.
Tim Urban en parle d’ailleurs bien mieux que moi (et de façon tout à fait drôle) dans ce Ted Talk :
Pourquoi on procrastine ?
On pourrait réduire à 2 grandes catégories les raisons de la procrastination.
En général, on procrastine une tâche :
- soit par manque d’intérêt pour la tâche / paresse / ennui
Un événement trop éloigné dans le temps par exemple, qui semble moins tangible. Ou encore parce qu’il s’agit d’une tâche qui nous est désagréable à réaliser. - soit par peur(s)
Souvent, des croyances limitantes ou bien une faible estime de soi et de ses capacités à réaliser un travail, nous amène à “tourner autour du pot”. L’auto-sabotage est plus commun qu’on ne le croit. Il est parfois plus simple de ne rien faire plutôt que de se voir “mal” faire.
Je rajouterais une 3ème raison, qui même si elle n’en est pas la cause première, est un facteur de procrastination :
- Les difficultés de concentration : pour de multiples raisons (explosion technologique, accès à l’information, évolution des environnements de travail…), il peut être difficile de garder un degré d’attention suffisant sur les tâches qui nous occupent. La tendance à la gratification immédiate laisse une place énorme à la tentation de se divertir sur les réseaux sociaux par exemple. Qui n’a jamais ouvert Instagram pour répondre à un message et s’est retrouvé perdu dans les limbes de ce réseau ?
Et ce qui est bien embêtant avec la procrastination, c’est que tout comme le syndrome de l’imposteur ou le perfectionnisme, elle nous empêche de poursuivre et d’avancer vers notre but.
N’est-ce pas dommage de retarder ses rêves à cause de ces simples barrières si communes ?
Alors motivons-nous, et sautons par dessus cette barrière 🙂
Comment éviter la procrastination ?
Je ne vais pas vous vendre une formule magique, non.
Il faudra faire quelques efforts et être volontaire, en effet.
Voici quelques pistes qui, si elles sont utilisées au quotidien, pourront vous aider comme elles m’ont aidé.
- Etre réaliste.
Mieux vaut ne pas se faire d’illusions. Créer une nouvelle collection de 15 modèles différents déclinés en 50 unités chacun, entièrement réalisés à la main pour la semaine prochaine : c’est peut être faisable (pour H&M), mais pas réaliste. Se proposer des deadlines réalisables, et une charge de travail adaptée, serait déjà une bonne base pour y arriver. - Visualiser.
Une technique que j’aime bien est celle de la visualisation. Ressentir le bien être ou la fierté (voire parfois le soulagement) que je vais ressentir lorsque le travail sera achevé. Je fais souvent cela pour mes sessions photos. Je procrastine car j’ai l’impression de ne pas maîtriser cette partie là. Alors j’essaie de ressentir la satisfaction de la fin de journée où fourbue et fatiguée, j’aurais toutes les images en boite, prêtes à être traitées. Le sentiment du travail bien accompli. Ce sentiment là me motive bien plus à me mettre au travail, que l’appréhension de ne pas maîtriser les subtilités de mon appareil. - Décomposer.
C’est l’astuce la plus efficace chez moi. Ma to-do list ne se présente plus que sous la forme d’objectif principaux, décomposés en tâches principales, elles-mêmes décomposées en sous-tâches accessibles. Et je procède souvent comme cela : un objectif par mois, une à deux tâches par semaine, 3 sous-tâches par jour. Ainsi le travail est mâché, décomposé et me semble moins effrayant. - Se récompenser.
Puisque notre cerveau cherche tant la gratification immédiate, pourquoi ne pas lui proposer une gratification, certes un peu moins immédiate ? “Ok, je rédige le plan de mon article, puis je me prends un café. Et lorsque j’aurais rédigé l’article, je fais une pause et appellerai une amie”. - La stratégie du “gros caillou”.
(A réserver pour les jours où vous avez assez d’énergie, mais pas l’envie). Cette stratégie consiste à “se faire violence” et commencer par la tâche qui vous ennuie le plus, le caillou dans la chaussette. Cette chose que vous aimez le moins faire. Pour la simple satisfaction du fameux “ça, c’est fait !”. Tout d’un coup tout parait plus accessible à réaliser après cela ! - Tout couper.
Enfin, pour éviter toute source de distraction, la façon la plus évidente de ne pas se détourner de son travail est tout simplement de désactiver téléphones, notifications, onglets sur l’ordinateur etc… J’ai mis du temps à le mettre en place, le FOMO (Fear Of Missing Out – La peur de manquer quelque chose) étant un autre grand ennemi chez moi. Mais je dois avouer que cette astuce est redoutablement efficace.
Si procrastiner est bien naturel chez l’être humain (il parait que nous sommes 20% à en être adeptes !), il faut avouer que lorsque l’on devient son propre patron, c’est une vraie épine dans le pied.
Mais ne nous flagellons pas tout de même : la plupart du temps cette procrastination est utile. Qui n’a pas répondu à ses mails plutôt que de se lancer dans une tâche d’envergure ? Il faut bien le faire à un moment, n’est ce pas ?
Et vous, quels sont vos astuces pour arrêter de tourner autour du pot et vous mettre à l’action ?
Catherine says
De tres bons conseils. Le Tout couper et la recompense sont mes préférés. C’est fou tout ce qu’on peut accomplies quand on se déconnecte du téléphone et réseaux sociaux pour quelques moments!