“Je suis nulle. Les autres font tellement mieux que moi.”
“Tout a déjà été fait, je n’arriverai jamais à trouver mon style”
“Je ne suis pas encore assez douée pour pouvoir vendre mes créations”
“Je ne peux pas me lancer, je n’ai pas de diplôme”
“Si j’annonce sur les réseaux que je me lance, mes proches / anciens collègues vont me juger ou se moquer de moi”
“Je ne suis pas “vraiment” bijoutière… je bricole, j’improvise… on va forcément me démasquer à un moment !”
“Je ne peux pas faire payer trop cher à mes clients parce que je ne suis pas une “vraie” professionnelle”…
Vous reconnaissez-vous dans l’une ou l’autre (voire plusieurs) de ces affirmations ?
Bienvenue au club !
Vous et moi (et des millions d’autres personnes sur cette terre !) fonctionnons de la même façon : peu importe le nombre de signes objectifs de réussite que l’on peut dénombrer, nous vivons dans la peur de nous faire “démasquer” tôt ou tard…
Le syndrome de l’imposteur : voilà le nom de ce phénomène qui se cache derrière la peur de se lancer / de vendre ses créations / de donner des cours ou tout simplement de communiquer sur un sujet.
Cette impression de tromper les autres, d’être surestimée est particulièrement présente dans notre activité de bijouterie qui – je le rappelle – n’exige pas de diplôme pour être exercée ET nécessite de la créativité, soumise donc à la subjectivité de chacun…
Pas étonnant donc que ce syndrome soit également appelé “syndrome de l’autodidacte” ! Et particulièrement en France, où les diplômes sont appréciés et valorisés parfois à outrance…
Ça vous dit qu’on essaie de comprendre ce sentiment pour mieux le surmonter ?
Allez, c’est parti !
Qu’est-ce que le syndrome de l’imposteur ?
On peut ressentir ce syndrome de plusieurs façons :
- Ne pas se sentir à sa place,
- Remettre en question ses capacités en permanence,
- Douter de sa légitimité à faire ce que l’on fait,
- Avoir peur d’être “démasqué” par les autres,
- Penser que c’est la chance ou le hasard qui nous a mené jusque là,
- Se sous-estimer, soi ou son travail…
Le syndrome de l’imposteur décrit en fait un état émotionnel dans lequel on ressent l’angoisse d’être un “fraudeur” qui finira par se faire démasquer. Et cela en dépit de toutes les preuves de succès et de réussite qui s’imposent à nous.
Si l’on en entend beaucoup parler, de plus en plus même avec l’avènement du développement personnel, c’est parce que tout le monde ou presque aura ce sentiment tôt ou tard. Et a fortiori d’autant plus si l’on est entrepreneur, autodidacte ou artiste !
Si aujourd’hui vous admirez et reconnaissez la légitimité de certains experts dans votre domaine, sachez qu’ils ont eux aussi commencé de zéro ! Et qu’ils ont certainement dû ressentir ce sentiment de manque de confiance à un moment où à un autre.
Comme on dit “tout expert a d’abord été novice” !
D’où vient ce sentiment d’imposteur ?
Plusieurs raisons sont à l’origine de ce sentiment :
- La pression sociétale. En France par exemple, on ne jure que par les diplômes. Difficile du coup de croire en ses capacités, surtout lorsque l’on n’en a pas et que le regard des autres nous le rappelle ! Mais ce n’est pas le cas partout dans le monde. La mentalité d’entrepreneur, de “self-made man” est souvent plus valorisée dans les pays d’outre atlantique où l’obtention d’un diplôme n’est pas forcément associée à la réussite.
- L’éducation. “Travailler plus pour gagner plus”, ça vous parle ? Il est clair que les valeurs “travail” et “effort” sont très valorisées de nos jours. Pas étonnant du coup, de se sentir comme une imposture lorsque l’on a l’impression de ne pas avoir tant travaillé pour réussir…
- Le manque de confiance en soi. Comment se sentir légitime alors même que l’on n’est pas confiant dans ses capacités ? Malheureusement, le manque de confiance en soi touche énormément de personnes. Et nous n’avons généralement pas besoin d’éléments extérieurs pour nous dévaloriser… Nous sommes notre propre bourreau !
- Le regard des autres. La comparaison permanente avec ses pairs (surtout ceux qui ont réussi) + le manque de confiance en soi = cocktail explosif ! Écouter l’avis de son entourage (qui n’est pas dans le même milieu) + lui donner plus de crédit qu’à ses propres convictions = autoroute vers la dévalorisation… Et bien évidemment, les réseaux sociaux n’ont en rien aidé à apaiser ce sentiment…
Pourquoi le syndrome de l’imposteur est-il nuisible ?
Personne n’aime se sentir sur la sellette, pas à sa place, mal à l’aise. C’est déjà une assez bonne raison pour vouloir se débarrasser de ce sentiment d’imposture.
Mais le vrai “problème” réside surtout dans les méfaits qui en découlent :
- La procrastination, le sentiment d’être bloquée au quotidien.
- Ne pas se concentrer sur l’important : fignoler son logo plutôt que de vendre ses créations.
- Ne jamais oser lancer sa marque, le remettre à demain, à “quand je saurai mieux faire”.
- Ne jamais finir ses projets, par démotivation.
- Ne pas oser poster des photos de ses créations, de peur que d’autres ne les voient.
- Ne jamais oser contacter une boutique / une influenceuse / un partenaire potentiel.
- Ne pas oser déléguer à un sous-traitant ou prendre un stagiaire, par manque de légitimité..
- Mal gérer les critiques, les prendre beaucoup trop à coeur.
Toutes ces actions (ou plutôt inactions) tiennent de l’auto-sabotage.
Si l’on ne prend pas le recul nécessaire et que l’on ne se fait pas un minimum “violence”, on peut se retrouver totalement immobilisée.
Il arrive même que plus on connaît de succès, plus ce syndrome prend de la place !
Peu importe que l’on finisse par vendre des centaines de bijoux sur un salon, que l’on reçoive des compliments de toutes parts. On ne finira par retenir que la phrase assassine d’une cliente qui pense que “franchement, je pourrais le faire moi-même“… Et nous voilà à ressasser notre syndrome de l’imposteur !
Comment augmenter sa confiance en soi ?
Vouloir se débarrasser de son syndrome de l’imposteur ne veut pas forcément dire que vous devez tomber en amour pour chacune de vos créations ou de vos actions. Il est sain de conserver un esprit critique et du recul sur son travail.
Il s’agit en fait surtout de lever cette pression sur les épaules, cette glue qui nous empêche d’avancer.
Et pour cela il nous faudra travailler la confiance en soi et en ses capacités (à noter que ce terme est à dissocier de l’estime de soi – on peut tout à fait avoir une faible estime de soi mais une totale confiance en ses capacités)
1 / Relativiser
Commençons par faire descendre un peu la pression. Ce sentiment est tout à fait “normal”. Il touche (presque) tout le monde, même les meilleurs !
D’ailleurs, le Dr. Valerie Young, auteure et conférencière sur le sujet – explique très bien que les entrepreneurs créatifs sont plus prompts que les autres à ressentir ce syndrome de l’imposteur.
“La nature même d’un travail créatif rend plus enclin à ce sentiment d’inadéquation, d’autant plus si l’on n’a pas emprunté un parcours “classique” de formation.”
Il est même très sain de le ressentir ! Si ce n’est pas votre cas, c’est probablement que vous n’êtes jamais sorti de votre zone de confort 😉
Deuxième bon point pour vous : vous en êtes conscient et vous vous soignez (ne serait-ce qu’en parcourant cet article).
Mieux comprendre un phénomène, c’est mieux le contrôler.
Prenez donc le temps de l’identifier, l’admettre, et l’accepter.
C’est un sentiment inconfortable, oui. Mais cela n’est qu’un sentiment, pas une réalité.
2 / Regarder derrière vous…
A chacun son temps, ses progrès, ses étapes.
Il est objectivement impossible de comparer 2 parcours. Focalisez-vous donc sur vous et votre propre chemin parcouru, cela sera bien plus parlant.
Prenez le temps de lister vos réussites.
Faites le point sur votre progression.
Constater le travail accompli augmentera votre satisfaction personnelle, votre fierté (ce n’est pas un gros mot, on a le droit d’être fière de soi !) et aidera à renforcer votre opinion personnelle et par là même, votre confiance en vous.
Avec toute la bienveillance que vous accorderiez à un enfant, montrez vous qu’aujourd’hui vous êtes meilleur.e qu’hier, et soyez sûr.e que vous le serez encore plus demain !
3 / …puis regardez devant vous !
Après ce constat, essayez de recadrer votre objectif.
Quel est votre “pourquoi“, pourquoi vous faites cela.
Partagez votre passion, stimulez vos émotions, exprimez vos idées, dirigez vos journées… Cherchez, comprenez ce qui vous fait vibrer.
Il me paraît peu probable que vous ayez décidé de fabriquer des bijoux dans le but d’impressionner vos pairs.
Je vous promets : de ma carrière – et si j’en crois toutes mes collègues créatrices également – JAMAIS une cliente ne nous a demandé notre diplôme.
On ne fait “que” des bijoux, on ne sauve pas des vies non plus 😀
Rappelez-vous que personne n’attend de vous que vous soyez un expert aguerri avec des milliers d’heures d’études dans les jambes. Votre clientèle veut que vous la fassiez rêver. Même si certains rêves semblent très minimalistes.
Vous avez un savoir-faire qu’elle n’a pas et qu’elle désire. C’est suffisant pour être là où vous êtes et vendre vos créations.
4 / Se détacher du regard des autres.
Et maintenant que vous avez levé la tête de votre nombril, regardé en arrière puis fixé l’horizon devant vous, il va falloir éviter de regarder à côté.
La comparaison est bien naturelle, mais elle nous tue à petit feu.
Que ce soit l’avis de vos proches (qui pensent naturellement que c’est une folie que de vouloir enfiler des perles comme métier, que ce n’est qu’un hobby), le regard de vos pairs ou de vos concurrents, vous ne devez pas laisser vos ambitions entre leurs mains.
Si ignorer son entourage et sa concurrence n’est pas non plus une solution, on peut apprendre à maîtriser l’effet que cela produit sur soi.
Essayez de passer du “il ou elle est meilleur.e que moi, ses créations sont plus belles, son univers est tellement léché, personne ne voudra m’acheter quoi que ce soit”
à
“son travail est effectivement très abouti, cela a dû lui prendre beaucoup d’énergie et des heures de travail”.
Puis petit à petit “son succès n’entache en rien ma propre avancée. Je devrais m’inspirer d’un tel parcours, cela me montre que c’est possible.”
Puis, “move on” !
5 / Passer à l’action
Il n’y a rien de plus satisfaisant qu’une action accomplie, un sentiment de devoir bien fait.
Alors plutôt que de se focaliser sur la montagne à gravir qui nous attend, commençons par faire des petits pas.
Prenez la prochaine grande étape de votre to-do list et décomposez là en plusieurs étapes plus digestes pour y parvenir.
Et go ! foncez !
Demain, vous regarderez en arrière, et vous constaterez la (petite) pierre à l’édifice que vous avez posé.
Ce sentiment là, la satisfaction de soi, c’est l’ennemi juré du syndrome de l’imposteur 😉
… et 6 / Apprendre à savourer !
Je vous partage un de mes “petits plaisirs” : savoir célébrer est un art !
Il serait dommage de ne pas le faire !
J’ai personnellement créé un sous-dossier dans mes emails que j’ai nommé “Cheer up !“, où je garde précieusement chacun des e-mails que je reçois de personnes qui me remercient, me félicitent…
Et quand j’ai un coup de mou, un doute sur mes capacités : je replonge mon nez dedans !
C’est mon pot à “self-confidence“, mon stock pour quand mes réserves s’épuisent.
Effectivement, depuis que je tiens ce blog (et d’autant plus depuis que je propose des formations), j’ai eu mon lot de doutes, de découragements, de peurs et de jugements de la part de personnes “plus aguerries”.
Mais en comparaison je reçois tellement de retours positifs au quotidien, que cela me booste, me porte, et me remet les pieds sur terre. C’est exactement pour cela, pour ceux-là, que je me suis lancée !
Faites-en de même, appréciez, savourez, conservez précieusement ces sourires, ces mercis, ces commentaires.
C’est l’essence pour faire avancer votre train ! 🙂
Agnes Wauthy says
Mélanie, c’est vraiment super, je me retrouve tellement dans ton article !
Merci de ce que tu fais pour nous tous et toutes !
Mel says
Merci Agnès ! Je ne fais que parler de ces difficultés que j’ai moi-même traversées. Alors si je peux aider…
Juliette says
Merci, parce que je fais du dessin de Bijoux et je me rends compte que j’ai plus de facilités, donc je n’ai eu à faire que 2 jours de dessin et le virus est apparu, mais depuis lors je ne fais que dessiner et ensuite je m’auto sabote en regardant les grandes marques ou encore celles sur Instagram. Merci pour votre post. J’ai créé ma marque mais je me pose énormément de question quant à ma légitimité, est-ce que j’aurai des clients ? Tout a déjà été fait etc. Je vais changer les voix dans ma tête sinon je n’avancerai pas. MERCI POUR TOUT.
Mel says
C’est exactement ça : si la réussite arrive sans difficulté, on doute soi-même de sa légitimité. Rappelez-vous que les clients s’en fichent de vos diplômes du moment qu’ils aiment vos créations. Parlez-leur avec le coeur, c’est ce qui marche le mieux 🙂
quidam64 says
Les hauts, les bas, la montagne à gravir, les autres qui font mieux que soi, ok tu as démasqué ma pensée profonde ahah ! Merci pour tes mots qui tombent à pic et me permettent de me recentrer et de mettre l’accent sur les bonnes priorités .
Christina Valeri Kritikou says
Merci beaucoup pour cet article, j’en avais vraiment besoin. J’adore votre travail et vos cours. Encore merci Valeri Christina
Sabrina Blanc says
Merci, beaucoup j’en avais besoin. Ce sentiment je le connais et ça nous empêche d’avancer. On est beaucoup juger dans notre métier, et ça nous fait douter, c’est dommage car il devrait y avoir de la place pour tout le monde. Merci encore pour tout ce que tu fais pour aider les autres à relever la tête.
Mel says
Merci à toi Sabrina pour ce témoignage. En effet, essayons de nous focaliser sur les personnes pour qui nous faisons ce métier : pour nos clients. Pas pour nos collègues 🙂 Bon courage pour la suite, belles créations à toi !
seb says
Merci
Merci pour ce partage authentique et ces mots plein de positivité.
Jerome Seve says
Bonsoir Mélanie , grand merci pour cet article qui pour ma part me parle énormément ,ainsi qu’à ma Mélanie qui elle plus que moi manque de confiance en soit … Nous sommes verriers décorateurs et depuis 30 ans aux services du verre , nous avons du faire face et faisons encore face à ce problème … Mais avec les années , le retour positif de clients , des articles comme le tiens … Nous regardons devant à nouveau et c’est comme cela que maintenant je suis verrier / perlier d’art et aussi grâce à toi , même si c’est le début de l’aventure “bijoutier ” autodidacte. Mille Merci .
Jérôme
Jerome Seve says
Bonsoir Mélanie ,
Merci pour cet article ,où je dois dire ,je me retrouve énormément , ainsi que ma Mélanie qui manque de confiance en elle et est toujours à douter . Nous sommes verriers décorateurs et depuis 30 ans que nous sommes au service du verre , nous avons fait face à ce sentiment et nous y faisons face encore parfois … Mais avec les années , les retours positifs des clients(comme tu le dis si bien) , et des articles comme le tiens , tout ceci nous fait avancer et regardons vers l’horizon … Et c’est comme çà que maintenant je suis verrier décorateur/ Perlier d’art …Et aussi “bijoutier” autodidacte grâce à toi , et ton envie de transmettre aux autres . Mille Merci .
Jérôme
Mel says
Merci Jérôme pour ce retour d’expérience. Effectivement, on est souvent son premier bourreau… Alors que dans les faits, tout nous indique que nous somme à notre place. Tout expert a un jour été novice, essayons de le garder en tête. Quoi qu’il en soit c’est du beau boulot que vous faites là, et dans la communauté, il est reconnu à sa juste valeur <3